Où en est la profession des buralistes ? L’Est Éclair soulève le sujet, dans son édition du 15 janvier, en confrontant deux témoignages sur le métier de buraliste.
•• Pascal Brie, président de la Fédération des buralistes de l’Aube : « C‘est une véritable révolution qui a eu lieu, et on sent un état d’esprit beaucoup plus positif dans la profession. Et ça, on le doit à la diversification, impulsé avec le Fonds de Transformation. Le simple débitant de tabac, c’est fini. Les buralistes sont devenus des commerçants multiservices de proximité. Et depuis la crise, nous sommes reconnus comme commerces d’utilité publique.
• « Nous avons bénéficié du fait de rester ouverts, certes, mais nous avons démontré notre utilité en donnant la possibilité aux commerces fermés de poursuivre une activité en faisant retirer les colis chez nous, nous avons accueilli les pompiers pour qu’ils puissent vendre leurs calendriers, etc. À Noël, en partenariat avec le comité du tourisme, nous avons fait la promotion de coffrets cadeaux made in Aube.
• « Dans mon bureau de tabac, je le vis au quotidien, beaucoup poussent la porte pour tout autre chose que des cigarettes, c’est pour cela que j’ai enrichi ma gamme d’articles à la vente comme avec la maroquinerie, ou de la petite déco par exemple. Nous sommes un relais colis très important, c’est une activité qui nous prend de plus en plus de temps. La preuve que la diversification est une attente des clients, l’énorme succès des comptes Nickel. Nous sommes aujourd’hui la première banque française avec 1,3 million de comptes. Selon les chiffres nationaux, il s’en ouvre 35 000 par mois.
• « Le paiement de proximité est également un succès, il faut s’en emparer. Ce sont 70% de leurs factures du quotidien dont les usagers peuvent désormais s’acquitter auprès de leur buraliste. Nous remplissons une mission d’utilité publique, nous sommes aujourd’hui un tiers de confiance pour la fiscalité locale et un commerçant de proximité qui apporte des services et du confort à la population, avec de la proximité et des amplitudes horaires plus étendues. C’est cela l’avenir. »
•• Christian Nicolle, buraliste à Pont-Sainte-Marie (près de Troyes) : « Le paiement de proximité, cela a un intérêt réel pour les usagers. On a une amplitude horaire qui leur permet de venir sans souci, ils ne subissent pas une file d’attente de trois heures au froid. Par les temps qui courent, c’est l’idéal. En quelques minutes c’est réglé, c’est ça l’avantage. C’est télétransmis en direct et pour les personnes âgées qui ne maîtrisent pas l’outil informatique, c’est quand même bien, on explique, c’est simplifié. C’est vrai que là on est vraiment dans le commerce d’utilité publique.
« (…) Mais c’est au final tout un tas d’activités qui ne sont pas rentables pour le buraliste mais qui s’ajoutent aux autres, aux petits commissionnements de la Française des Jeux, aux timbres, or c’est l’ensemble qui fait la rentabilité, alors il faut faire du volume.
« Pour les petits buralistes, surtout en campagne, ça va devenir de plus en plus compliqué. On ne peut pas gagner sa vie avec ça. Il faut que la Fédération renégocie les commissionnements car le problème auquel les buralistes vont commencer à se heurter, c’est que ça commence à se surajouter, et il faut se former, alors quand on a des salariés, ça peut mettre un petit moment et ça a un coût.
« (…) Pour moi, la rentabilité, elle est plus dans le développement de la cigarette électronique. J’organise parfois des animations, cela apporte du conseil, une autre façon de faire. Il faut arrêter de faire que du rendu de monnaie. »