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1 Mai 2014 | Trafic
 

Revenons sur un remarquable reportage, « En quête d’actualité » (sur D8) , du mercredi 9 avril. Un sujet appelé à repasser. 1h50 d’investigation sur les « nouvelles filières de Barbès », là où se développe le plus grand marché à ciel ouvert de l’économie parallèle … dans une société de la débrouille. C’est sur le trafic « florissant » des cigarettes et de ses sources d’approvisionnement que démarre l’enquête, avant de décrypter les filières liées aux médicaments, aux produits alimentaires ou de beauté.

Trafic Barbès• Première séquence : sous le métro aérien de la station Barbès-Rochechouart. On retrouve les images de ces vendeurs à la sauvette qui haranguent les passants avec leurs paquets de cigarettes. Sur seulement quelques centaines de m2 de trottoir, un « colossal » trafic : 1 500 paquets vendus chaque jour « sous le manteau », 600 000 paquets écoulés chaque année, 3 millions d’euros générés (selon le reportage).
Et une capacité d’approvisionnement « phénoménale ». La caméra « cachée » va nous faire rencontrer l’un « des principaux fournisseurs de la marque la plus connue en France ». La négociation est rapide : « on en achète autant qu’on veut à un prix imbattable, 750 euros le carton de 25 cartouches ». Et pour prouver la qualité « du produit » : un paquet arrivant tout droit d’Algérie où le prix est sept fois inférieur. Le « grossiste » précise que la marchandise arrive par avion, plusieurs fois par semaine …

Douanes Orly• Deuxième séquence : Orly, là où atterrit la plupart des vols en provenance des pays où les prix sont plus bas. Qu’en est-il de la vigilance des douanes, puisque le quota (hors UE) est seulement d’une cartouche par personne ?
Un douanier scrute l’arrivée des voyageurs. Sont plutôt visés les hommes seuls avec de gros bagages. A la moindre suspicion, la question « vous transportez du tabac et combien ? » puis le passage des bagages au rayon X. Premier contrôle : dans la valise d’un jeune homme, 11 cartouches soigneusement emballées dans du papier journal et destinées « à sa consommation personnelle ». Sanction : 572 euros de taxes sur les dix non autorisées. Suivent deux passagers venant d’Algérie : ils ne transportent que cinq cartouches chacun. Ils repartent après quelques recommandations du douanier : « vous le saurez pour la prochaine fois ». Il estime que c’est pour la famille et pas pour la revente. Le scénario va se répéter une dizaine de fois. Ainsi, malgré les consignes fermes des autorités douanières, il y aurait une certaine tolérance … Le douanier en question semble plus intéressé par « les gros poissons », comme cette prise de deux valises entièrement remplies de cartouches (60 à 70).

• Troisième séquence : retour à Barbès où l’on découvre un autre mode d’approvisionnement. Les cartouches de cigarettes ramenées, en petite quantité, par n’importe quel quidam. « C’est désormais une habitude chez les Algériens  qui couvrent ainsi leur billet d’avion » raconte un revendeur dont on va suivre le mode opératoire avec ses complices.
Un premier, chargé du réapprovisionnement et du dispatching entre les vendeurs. Un autre récuperant l’argent qui finira entre les mains d’un « banquier », jamais en contact avec les cigarettes. Un travail de fourmi difficile à démanteler.
Une opération de police visant à appréhender un réseau organisé demande de gros moyens humains et de surveillance. Pour les intercepter au bon moment et en flagrant délit. Car, il y a aussi les « chouf » (guetteurs). Ce jour-là, la police arrivera à en interpeller treize, dont un s’enfuyant sur les voies du métro et rattrapé à la station suivante. Il n’y aurait qu’une cinquantaine opérations de ce genre par an. La  plupart des trafiquants échappent à la justice (tribunaux surchargés). La saisie de la marchandise serait plus efficace pour en décourager certains.