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6 Mar 2018 | Observatoire
 

Le secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi, a présenté, jeudi 1er mars, un nouvel outil – « Demarches-simplifiés » – qui doit permettre d’accélérer la dématérialisation des démarches administratives qu’Emmanuel Macron veut achever d’ici 2020. 

Mais, à l’heure où le tout numérique s’accélère quelque 13 millions de personnes utilisent peu ou pas Internet et se sentent en difficulté, selon une étude de l’Agence du numérique publiée en 2017.

Et si les buralistes, justement, jouaient ce rôle de « relais-numérique » ? La question se pose car le problème existe.

•• Par exemple, 43 % des Français résidant en zone rurale se disent inquiets à l’idée de devoir effectuer de plus en plus leurs démarches en ligne. 40 % des personnes ayant de bas revenus s’estiment peu ou pas compétentes pour utiliser un ordinateur.

•• « Le risque que la dématérialisation aggrave l’exclusion numérique est réel », met en garde Jean Deydier, directeur d’Emmaüs Connect – un des nombreux acteurs qui participent au plan gouvernemental mis en place en décembre dernier – dans Le Monde (édition 4 et 5 mars).

« Tout l’enjeu est que l’ensemble des acteurs concernés se coordonnent et mettent des moyens pour former des gens et rattraper ces publics. Il en va de leur accès aux droits, à l’emploi, à la citoyenneté. »

Si les services publics qui dématérialisent (caisses d’allocations familiales, Pôle emploi…) ont mis en place des dispositifs d’accompagnement, ceux-ci demeurent « insuffisants pour couvrir l’ensemble des besoins », estime M. Deydier, et « les gens démunis envahissent les guichets ». Les acteurs de terrain font ainsi face à un afflux massif auquel ils ne peuvent pas toujours répondre.

••  Parmi ces oubliés du numérique, aux visages multiples, figurent des demandeurs d’emploi, des actifs peu ou pas diplômés, des familles précaires … et beaucoup de personnes âgées.

Et Le Monde de dresser quelques portraits :

Yvette, 78 ans, qui n’a personne pour l’aider sur son ordinateur et court les EPN (espace public numérique) pour s’entraîner à Internet : « On nous raconte qu’il va falloir tout faire par Internet : la banque, les impôts, la retraite, même prendre les rendez-vous de santé. Alors qu’est-ce que vous voulez, on est coincés ! Cela me rendrait furieuse de devoir dépendre de n’importe qui pour faire mes démarches. »

Laurent, 49 ans, fleuriste en reconversion, qui s’est vu imposer par une agence de voyages une réservation de billet : « je suis de la génération d’avant le Minitel, et je n’ai jamais appris (…) tous ceux qui ne savent pas se servir d’Internet vont se retrouver sur le carreau. À moins qu’ils ouvrent des lieux d’accompagnement dans toutes les communes de France. »

• Ou encore Cécile, 49 ans, qui maîtrise la Toile, mais ne peut s’acheter un ordinateur ou souscrire à un abonnement Internet avec son RSA.

•• De nombreux jeunes, pourtant de la génération Internet, en sont aussi … car la précarité touche l’ensemble de la pyramide des âges.

Cinq millions de personnes en France cumulent difficultés d’insertion et exclusion numérique.