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Ce n’est pas le principe même de la lutte anti-tabac qui est critiquable. Puisqu’il s’agit même de l’encourager. Mais l’application indifférenciée du programme de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sans tenir compte des réalités, comportementales et sociales, de chaque pays. 

Ainsi, au Sénégal, où l’on vend du tabac dans tout type de commerce (sans réseau organisé), les cigarettes s’écoulant encore en grande partie à l’unité.

•• Votée il y a trois ans (voir Lmdt du 15 mars 2014), la loi de lutte contre le tabagisme vient donc de faire une entrée spectaculaire au Sénégal avec l’arrivée, le samedi 26 août –  sur les étals des vendeurs ambulants ou des épiceries – de paquets de cigarettes avec des photos-choc. Sachant que là-bas, on vend encore beaucoup les cigarettes à l’unité, rappelons-le.

Car sur les autres mesures, comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics, peu de citoyens semblent au courant.

Le Sénégal est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à adopter la mesure, s’est cependant félicité l’OMS.

•• Après de longs atermoiements, la loi de 2014 a pris corps avec un décret en août 2016 pour une application en décembre de la même année. « Un délai avait été donné aux fabricants (pour se conformer à cette règle) et il a expiré aujourd’hui. Obligatoirement, les fabricants doivent suivre, sinon ils s’exposent à des sanctions », a insisté le chef du bureau de la législation au ministère de la Santé, Mactar Bâ.

•• « Fumer cause une mort lente et douloureuse », « fumer rend impuissant et stérile », peut-on lire sur les nouveaux paquets où l’on voit la photo d’un homme, visiblement malade, alité et sous assistance respiratoire.

« Des avertissements sanitaires sous la forme d’images, de photos en couleurs, portant sur 70% des deux surfaces de toutes les enveloppes du tabac ont un impact beaucoup plus important » dans un pays où le taux d’analphabétisme en français est élevé, a doctement expliqué à l’AFP Abdou Aziz Kassé, cancérologue et président de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) …

•• Sont également entrés officiellement en vigueur l’interdiction de vente de tabac aux mineurs et dans un rayon de 200 mètres des établissements scolaires ainsi que l’encadrement de la publicité directe ou indirecte (parrainage de manifestations).

Quant à l’interdiction de fumer dans certains lieux publics, elle fait ruer dans les brancards les professionnels concernés, même si les patrons de restaurants et d’hôtels ont 9 mois pour interdire de fumer ou d’aménager des espaces-fumoirs. « Cette loi, on ne va jamais l’appliquer. C’est contraire aux normes en cours dans notre secteur. Comment un gérant d’hôtel ou de resto ou encore de bar peut-il interdire à son client de ne pas fumer, surtout dans un contexte où les clients se font désirer ? » demande le gérant d’un hôtel à Dakar.

Même à l’université, on juge presque inapplicable la loi anti-tabac. Ainsi, un membre de la police universitaire, parlant sous le couvert de l’anonymat, déclare : « nous ne le (interdire l’usage du tabac) pouvons même pas. L’université est par essence un lieu de liberté ».