« Va-t-on trop loin dans l’interdiction du tabac ? ». « Non » répond Emmanuelle Béguinot, Directrice du Comité national contre le Tabagisme (CNCT), dans une interview au quotidien La Croix du 29 septembre, au sujet de deux mesures, présentées dans le Programme national de Réduction du Tabagisme (voir Lmdt du 25 septembre), et qui font plus de débat qu’on ne l’aurait imaginé : l’interdiction de fumer dans les voitures en présence d’enfants de moins de 12 ans ainsi que dans les aires de jeu, à l’air libre.
« Nous ne sommes pas des extrémistes cherchant à porter atteinte aux libertés individuelles, argument régulièrement évoqué par l’industrie du tabac. Nous souhaitons juste protéger contre les risques d’un produit qui tue … Nous n’allons pas jusqu’à réclamer l’interdiction de fumer à son domicile personnel. Nous préférons miser sur un certain bon sens des fumeurs.
« Avant que ne soit instaurée l’interdiction dans les lieux publics en 2006, certains nous disaient que cela inciterait les gens à fumer davantage chez eux le soir. En fait, ce n’est pas ce qui s’est passé. On a constaté que ces fumeurs reproduisaient leurs bonnes habitudes de la journée, en allant, le soir, fumer sur leurs balcons ou en bas de chez eux ».
Auparavant, Emmanuel Béguinot a défendu la mesure sur l’interdiction de fumer dans les véhicules avec l’argument que l’on connaît : « un véhicule est un espace clos. Et la concentration de particules fines est dix fois plus élevée sur les sièges arrière d’un véhicule où un adulte fume ». L’interdiction dans les espaces de jeu pour enfants, situés dans les parcs et jardins, reposerait sur une autre logique : « d’abord, ces aires de jeu sont souvent jonchées de mégots que peuvent ramasser les enfants et dont la collecte a un coût non négligeable pour les municipalités. Ensuite, cette interdiction participe à une certaine « dénormalisation » de l’image du tabac auprès des jeunes ».