La marque la plus vendue de cigarettes, Marlboro, atteindra ce prix symbolique dès le 1er mars, sans attendre le dernier palier de hausse de la fiscalité programmé en novembre, annonce Les Échos ce matin dans un article de Solveig Godeluck que nous reprenons intégralement (voir 11 et 27 février).
« Dix euros tout rond. Le paquet de cigarettes Marlboro, marque la plus vendue en France, va atteindre dès ce dimanche 1er mars l’objectif de prix que s’était assigné le gouvernement Philippe en 2017. La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait fait voter dans le budget de la Sécurité sociale un programme de hausse de la fiscalité du tabac en cinq étapes, jusqu’en novembre 2020.
« Contraints par la fiscalité, les fabricants sont obligés de remonter leurs tarifs. Le prix moyen d’un paquet de cigarettes est censé grimper de 7 à 10 euros en trois ans – cigares, cigarillos, tabac à rouler et autres tabacs à priser suivant le même mouvement.
•• « L’arrêté de prix du 11 février montre que certains fabricants ont délibérément choisi d’aller plus loin que la hausse de 50 centimes du prix facial recherchée par les pouvoirs publics pour cette avant-dernière étape. De nombreuses déclinaisons de Marlboro (Gold, Mix, Red…) passent de 9,30 euros à 10 euros dimanche. Soit plus que l’application mécanique de la hausse des droits de consommation censée permettre au fabricant de conserver sa marge tout en limitant la perte de clientèle. De même, les Camel sans filtre augmentent de 70 centimes à 9,80 euros.
•• « À l’inverse, certains, comme Lucky Strike, se contentent d’appliquer la hausse de 50 centimes, à 9,40 euros pour les déclinaisons Red ou Blue, et 9,50 euros pour Gold. De même, les Winston Blue passent à 9,40 euros, soit 50 centimes de plus. En novembre, le dernier palier de hausse de la fiscalité sera moindre, avec un objectif de 40 centimes de plus pour le paquet standard.
•• « Ces hausses successives ne sont pas sans impact : les consommateurs sont nombreux à tenter de décrocher du tabac. Et ils achètent moins de cigarettes, du moins dans le circuit officiel. Pour 10 % de hausse de prix, les achats chez le buraliste ont diminué de 7,5 %, comme l’avait anticipé le gouvernement en 2017. En 2018, les ventes de tabac ont baissé de 8,8 %, passant en dessous de 50.000 tonnes. Au quatrième trimestre 2019, les ventes de cigarettes ont encore reculé de 8,3 % et celles de tabac à rouler de 3,9 % (voir 6 janvier).
•• « Néanmoins, la valse des étiquettes n’est pas aussi efficace que prévu pour le tabac à rouler et pour les cigares et cigarillos. Dans ces catégories, les volumes écoulés ne diminuent que de 2,5 % et 2 % respectivement. Cela s’explique par le report de la consommation des fumeurs. « La hausse de fiscalité relativement plus importante pour le tabac à rouler que pour les cigarettes n’a pas permis de combler l’écart de fiscalité existant entre ces catégories, qui alimente les risques de substitution », commente la commission des comptes de la Sécurité sociale dans son dernier rapport.
•• « En tout cas, l’augmentation de la fiscalité n’est pas seulement une réussite au plan de la santé publique. C’est aussi une bonne affaire pour le budget de l’État, qui espère empocher 383 millions de droits du tabac supplémentaires en 2020.
« Après un léger fléchissement en 2016, l’année de la mise en place du paquet neutre, où le levier fiscal n’a pas été actionné, les droits de consommation sont repartis à la hausse dès 2017. Ils ont crû de 1 milliard d’euros en deux ans de mise en oeuvre du plan Philippe, à 12,6 milliards d’euros fin 2019 (hors TVA). Les recettes ont grimpé en moyenne de l’ordre de 6 % du côté des cigarettes, mais de 16 % pour le tabac à rouler, 26 % pour le tabac à priser et à mâcher et même 36 % pour les cigares.