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11 Août 2024 | International
 

En une rare brouille entre deux proches alliés, le Paraguay a formellement demandé, ce 8 août, aux Etats-Unis « d’accélérer le départ » de leur ambassadeur à Asuncion, après des sanctions américaines plus sévères contre une entreprise liée à l’ex-président, considéré par Washington comme « corrompu ».

L’entreprise en question fabriquant des cigarettes (mais avec la réputation d’en produire plus que nécessite le marché national / ndlr) … Nous reprenons la dépêche que l’AFP consacre au sujet.

Mais auparavant, petit rappel : le Paraguay est un pays de 6,7 millions d’habitants enclavé entre Argentine, Brésil et Bolivie.

•• Ce 5 août, le Trésor américain avait annoncé des sanctions plus dures contre les intérêts et avoirs de Tabacalera SA, une firme liée à l’ex-président du Paraguay (2013-2018) Horacio Cartes, magnat de l’industrie du tabac (voir 22 avril 2013, 18 décembre 2014). Washington l’a déjà sanctionné par le passé, le désignant comme « significativement corrompu », lui interdisant en 2022 entrée et transactions aux États-Unis, ainsi qu’à sa famille.

M. Cartes, 68 ans, reste à ce jour président de l’hégémonique parti conservateur Colorado, au pouvoir depuis 76 ans à Asuncion (hormis une parenthèse à gauche en 2008-2012). Il est aussi le parrain et mentor de Santiago Peña, 45 ans, élu l’an dernier chef de l’État.

« Nous prenons à contrecœur la médiatisation et la politisation des sanctions administratives » contre Tabacalera, a indiqué jeudi un communiqué du ministère paraguayen des Affaires étrangères. « C’est pourquoi nous demandons au gouvernement américain d’accélérer le processus de départ de l’ambassadeur (Marc Ostfield) et d’éviter ainsi que la perte de confiance en une personne ne porte atteinte aux relations que nous entretenons historiquement ».

•• M. Ostfield, ambassadeur à Asuncion depuis mars 2022 et qui approche de la fin de sa mission, a été particulièrement en pointe et ferme en matière de lutte contre la corruption, un mal endémique au Paraguay par ailleurs économiquement stable. Le pays – aux frontières poreuses propices aux trafics – est classé 136ème (sur 180) sur l’indice de perception de la corruption de Transparency International.

Ce 8 août, Marc Ostfield avait été convoqué au ministère paraguayen des Affaires étrangères, où il avait défendu les sanctions contre Tabacalera, au titre de « personne ou entreprise qui aide matériellement, sponsorise ou apporte un soutien financier, matériel ou technologique à une personne sanctionnée comme Horacio Cartes ».

Après l’annonce des nouvelles sanctions mardi, la direction de Tabacalera s’était défendue, affirmant qu’Horacio Cartes s’en était détaché et ne détenait plus de parts. Elle avait dénoncé une sanction « aux visées commerciales ».