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28 Sep 2017 | Profession
 

À Lunel, les buralistes sont vent debout contre les hausses du prix du tabac annoncées par Bercy et la Santé (voir Lmdt du 20 septembre). Tensions captées par Le Midi Libre du 26 septembre.

•• « On augmente le prix du tabac, mais on ne fait rien pour lutter contre le marché parallèle » estime Joël Truchy, gérant du « Celtique » (à gauche). « Or, un tiers des paquets vendus aujourd’hui l’est hors réseau. Ce sont forcément des recettes en moins pour l’État. Ici, comme dans d’autres villes du Sud d’ailleurs, des gens vont en car à la frontière espagnole et ce n’est pas pour faire du tourisme. »

Lorsqu’il a pris l’affaire en 2014, le tabac représentait 60 % de son activité. Aujourd’hui, le chiffre est passé à 45 %. S’il ne regrette pas son choix d’avoir quitté la restauration rapide pour ce commerce où il voit passer un millier de personnes par jour, il a dû s’adapter. Il vend aujourd’hui des produits régionaux, de la papeterie, des jouets. « Les gens vont continuer de fumer … Mais continueront-ils d’acheter les cigarettes chez nous ? En Allemagne, le paquet de cigarettes est moins cher et il y a moins de fumeur. C’est la preuve qu’en France, on a manqué quelque chose. Ça passe par l’éducation dès le plus jeune âge, pas par la répression. »

•• Fataliste, le patron du bar-tabac de « l’Avenir » lance : « c’est une énième hausse qui ne changera rien à l’affaire, si ce n’est qu’elle va continuer de renforcer les achats hors des frontières, surtout si on ne fait rien pour harmoniser les prix. ». En colère il ajoute : « ceux qui prennent ces décisions le font dans le seul but de se faire plaisir et pour gagner plus d’argent. On nous appelle les marchands de la mort, mais je rappellerais juste que sur un paquet de cigarette, 82% partent à l’État. »

•• « En France, on croit toujours qu’on va résoudre les problèmes par l’augmentation des prix. Faisons plutôt de la prévention dans les écoles », s’agace Frédéric Dicharry (à droite), patron du « Brazza », qui juge « hypocrites les éternelles augmentations ».

« Si on estime que le tabac est un vrai danger, alors on l’interdit pour de bon. Mais compte tenu de tout ce que ça rapporte à l’État, on ne le fera jamais. Dès l’augmentation, on constate une baisse des ventes, mais les clients finissent toujours par revenir. Et si les personnes aux revenus confortables auront toujours les moyens de s’acheter un paquet de clopes, les plus modestes le feront aussi, quitte à se saigner. »