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19 Juil 2017 | Profession
 

Dans son édition de ce mercredi 19 juillet, le quotidien économique revient sur les tenants et aboutissants du dossier. Sans apporter de nouveautés.

« Une hausse de 3 euros du prix du paquet de cigarettes. Les antitabac en rêvaient, Édouard Philippe veut le faire : « Nous porterons progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros en luttant sans merci contre les trafics qui minent cette politique de santé autant qu’ils fragilisent ceux qui respectent la loi », a-t-il annoncé lors de son discours de politique générale (voir Lmdt du 4 juillet). Après les augmentations homéopathiques survenues ces dernières années, les associations de lutte contre le tabac saluent cette initiative. Le prix est, en effet, l’arme la plus efficace pour agir sur la consommation.

•• La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a repris à son compte le mot d’ordre de sa prédécesseure Marisol Touraine, qui voulait voir advenir la première génération de non-fumeurs. Elle souhaite une transition rapide, en trois ans seulement, et l’a dit à l’antenne de RTL (voir Lmdt du 6 juillet). Mais Matignon n’a pas encore décidé du rythme. Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, qui a la tutelle des Douanes, ne croit pas à des hausses brutales de prix dans un seul pays, qui encouragent le commerce transfrontalier. Et le lobby des 26 000 buralistes abonde dans son sens. « Si demain le paquet passe à 10 euros, comme il coûte 4 euros, voire moins au Luxembourg et en Espagne, le marché parallèle va exploser », tonne Pascal Montredon, le président de la confédération des buralistes, qui rencontre Agnès Buzyn, ce mercredi, pour une prise de contact.

•• Le gouvernement n’a pas non plus tranché sur la méthode : faut-il augmenter les taxes, ou bien les industriels seront-ils suffisamment disciplinés pour augmenter d’eux-mêmes le prix ? Seule certitude pour l’instant, la hausse du prix du tabac va commencer dès 2018. D’ailleurs, Bercy a inscrit 500 millions d’euros de gains fiscaux pour le budget 2018 grâce au tabac, ce qui correspond à une hausse de 4 % de ces recettes. « Ce n’est qu’une hypothèse de travail, dans le cadre du bouclage macroéconomique, en attendant que les ministres prennent position sur l’un ou l’autre des scénarios d’augmentation de prix et d’élasticité », tempère un conseiller du gouvernement (voir Lmdt du 12 juillet).

•• L’élasticité, c’est la baisse des ventes qui survient à chaque hausse du prix du paquet, parce que les gens cessent de fumer ou bien se fournissent ailleurs. « Si l’on se base sur les chiffres de 2000-2015, une augmentation de 10 % du prix provoque en moyenne une baisse de 4,1 % des ventes », explique l’épidémiologiste Catherine Hill, de l’Institut Gustave-Roussy. Tout dépend bien entendu du rythme de hausse : plus elle est vive, plus elle dissuade les fumeurs. L’administration a également étudié des scénarios où l’élasticité-prix n’est pas de – 0,41 comme observé par Catherine Hill, mais plus élevée, à -0,5, -0,6, -0,7…

•• Une hausse de 10 % par an du prix du paquet permettrait de parvenir à 10 euros en un peu moins de quatre ans. Pour y aller en trois ans, il faudrait plutôt, imposer, comme les Australiens, une augmentation de 12,5 % par an. A la différence près que ces derniers, décidés à éradiquer le tabagisme, n’ont pas fixé d’objectif de prix : c’est une échelle sans fin ».