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18 Juin 2022 | Observatoire
 

Il y a dix ans, ces cantines ambulantes avaient envahi les espaces publics des grandes villes, notamment à Paris. Aujourd’hui, ils sont beaucoup moins nombreux et se sont repliés sur les sites privés, l’événementiel ou l’activité traiteur. Le concept de food truck à l’anglo-saxonne, au coin de la rue, n’a pas pris en France.

Pourquoi ? Une enquête des Échos.

« C’est un échec cuisant. En 2014, on était monté à 750 food trucks en France, pour tomber aujourd’hui à une soixantaine » recense Bernard Boutboul, à la tête de Gira Conseil, cabinet spécialisé dans la consommation alimentaire.

Ce n’est pas la faute des clients. Pour le spécialiste, trois éléments les ont plombés : les restaurants qui ont brandi l’argument de la concurrence déloyale, les municipalités qui ne veulent pas de camions dans les villes … et une réglementation très contraignante.

•• Au fur et à mesure des appels à projets tous les deux ans de la Ville de Paris pour occuper les 20 emplacements dédiés, le nombre de candidatures a chuté. En 2015, 158 créateurs avaient postulé (et 56 retenus), contre 53 candidats en 2017.

« En réalité, à Paris, ils se sont déplacés du centre-ville pour aller en banlieue francilienne, où les règles sont moins compliquées ; on les retrouve dans les festivals ou sur les sites privés » décrypte Olivier Lignon, à la tête de Street food en mouvement, association qui rassemble 120 food trucks.

« La sauce n’a pas pris dans la capitale, ni sur les parvis des gares, car les gens sont trop pressés, et le télétravail n’a pas arrangé les choses dans les quartiers de bureaux », décrit-il, lui-même se repliant dans le Val-de-Marne avec ses deux camions Mobile Burger.

Pour sa part, Lyon n’a jamais sauté sur le phénomène. Les food trucks se limitent à huit camions pizzas historiques et à une poignée de camions cantine. Mais la nouvelle municipalité écologiste a l’intention de faire le ménage. Les places sont désormais attribuées pour six ans, à 41 euros la journée, et 453 euros le mois.

•• Le business du food truck s’est donc essoufflé dans sa première forme.

Fini les grandes ambitions comme « Le Camion qui fume », qui arborait 3 ou 4 camions. La star du secteur, pionnière en 2011 avec ses food trucks à burgers, n’en a conservé qu’un, a ouvert trois restaurants, avant de revendre son entreprise il y a quelques mois.

D’autres ont misé sur la partie traiteur, le food truck servant de vitrine, comme « Le Réfectoire », qui réalise la majeure partie de ses ventes dans l’événementiel : 50 manifestations par an allié à un restaurant, le tout tournant avec 20 salariés pour 2 millions d’euros de chiffre d’affaires.

•• Un enjeu inquiète désormais les food trucks : la création de Zones à faibles Émissions  (ZFE) dans les grandes villes.

À partir du 1er janvier 2024, la mise en place de ces zones interdira les véhicules diesel dans une quarantaine de villes, en premier lieu dans le Grand Paris.

« Le problème est que 90 % des food trucks sont au diesel, et que les fabricants ne sont pas prêts à la conversion vers l’électrique », dit Olivier Lignon, qui chiffre de « 30 000 à 40 000 euros l’investissement nécessaire pour chaque food truck ».