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28 Oct 2022 | Profession, Trafic
 

Le 20 heures de TF1 du 26 octobre a mené l’enquête sur l’explosion de la vente illégale de cigarettes sur les réseaux sociaux. Extraits. 

« Il suffit de taper : cigarettes ventes ». Grand témoin de ce reportage: un fumeur qui consomme un paquet par jour, en moyenne et n’a plus mis les pieds dans un bureau de tabac depuis un an. Ses cigarettes, il les achète via Facebook.

•• Une pratique interdite passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 000 euros. Ce qui ne l’empêche pas de commander deux fois par mois, un jeu d’enfant selon lui. Le tout à des prix défiant toute concurrence. « Habituellement, je suis un peu près à 300 euros en bureau de tabac et là, je réduis de 50 %, donc 150 euros par mois. C’est juste énorme », met-il en avant au micro de TF1.

« Des fois, oui, je peux avoir peur, mais pour moi, ça reste du commerce comme un autre. J’achète un produit, j’essaye de l’avoir le moins cher possible » témoigne-t-il encore, sous couvert d’anonymat.

•• Depuis plusieurs mois, les annonces illégales, publiées par des vendeurs clandestins, fleurissent sur les réseaux sociaux. Ils n’hésitent pas à poster des photos de leurs stocks vendus à des prix cassés (5 euros le paquet, contre 10 euros chez un buraliste). Les trafiquants proposent même des prix dégressifs.

Alors que la France compte 23 000 buralistes, il existe désormais 10 000 points de vente sur le web, selon une récente étude commandée par British American Tobacco (BAT). Cette investigation démontre que le report d’achat sur Internet existe aussi pour le tabac et qu’il prend de plus en plus d’ampleur (voir 20 octobre).

Mais alors, d’où viennent ces cigarettes illégales ? Pour y voir plus clair, les équipes de TF1 ont passé une commande à un vendeur ayant posté une annonce sur les réseaux sociaux.

Comme convenu, il a apporté avec lui, dès le lendemain, deux cartouches venues de Suisse. « C’est mon collègue qui va les chercher là-bas, qui les ramène à Paris », explique-t-il. « Ce sont des vraies. Vous pouvez goûter, elles sont bonnes » ajoute-t-il. L’homme prétend appartenir à un réseau de revendeurs sur Internet qui propose de vraies cigarettes, mais aussi du tabac de contrefaçon en grande quantité.

•• Ces bandes organisées n’ont, toutefois, pas le monopole de ce trafic parallèle. Elles sont en concurrence avec des particuliers.

Un homme, qui confie vendre régulièrement du tabac sur internet, précise qu’il s’approvisionne auprès de « personnes qui ne fument pas, qui vont en vacances et qui achètent des cigarettes ». Il le fait surtout pour compléter ses revenus habituels. « Je suis fonctionnaire. Je fais ça pour arrondir un petit peu mes fins de mois », indique-t-il.

En plus de l’amende, ce type de commerce en ligne est passible d’un an d’emprisonnement. Mais dans les faits, les arrestations sont extrêmement rares. Si bien qu’elles ne suffisent plus à dissuader ceux qui veulent se lancer.

•• Les buralistes dénoncent une concurrence illégale, eux qui ont vu leurs ventes baisser de 6 % en 2021. Ils réclament un durcissement de la législation et menacent de porter plainte contre les réseaux sociaux s’ils ne suppriment pas les annonces de leurs plateformes.

« Nous demandons la fermeture immédiate de ces sites. Ça existe sur le terrorisme, les armes, les actes sexuels. Je demande à ce qu’il en soit de même pour le tabac » martèle Philippe Coy, président national de la Confédération des buralistes.

Les plateformes mises en cause, et notamment Facebook, se défendent d’une quelconque complaisance. Elles déclarent déjà lutter activement contre la vente illégale de tabac, tout en reconnaissant qu’il est impossible de contrôler toutes les annonces.