Plusieurs jeunes entreprises – MéGo ! Eco-mégot, Terracycle – tentent de créer une filière verte pour valorises les déchets de mégots, soutenues par des collectivités ou des sociétés privées (voir Lmdt des 24 et 9 février 2018 ainsi que des 11 janvier 2018 et 15 juin 2016).
Ce sujet a inspiré le journaliste Florian Bardou, dans un article de Libération.fr, intitulé : « Le recyclage des mégots, idée fumante ou piste fumeuse ».
Nous en présentons l’essentiel, avec quelques annotations de notre part.
•• Pour démarrer, le chiffre mondial de mégots jetés dans la nature : de 4 300 à 4 950 milliards d’unités (2,3 millions de tonnes), soit 30 à 40 % des déchets ramassés sur les plages ou en ville, selon le rapport de l’OMS relatant les conséquences environnementales du tabac.
L’ONG Ocean Conservancy en rajoute, avec la désignation du mégot comme premier déchet plastique marin retrouvé sur les côtes (hors tabac et emballage). (Ndlr : mais ceci est présenté sans comparatif avec d’autres types de déchet, comme le plastique, responsable de ce que l’on nomme « le 7ème continent » en mer). Le déchet (plus précisément le filtre en acétate de cellulose) met jusqu’à 10 à 12 ans pour se dégrader (ndlr : 450 ans pour un sac plastique, pour rappel), sans parler des composés chimiques.
•• Face à ces données écrasantes, le défi des start-up françaises se lançant dans le recyclage des mégots semble titanesque … même si la quantité de mégots de l’Hexagone descend à 30 milliards.
• « Avec une seule usine de recyclage ayant traité un peu plus de deux tonnes de mégots (soit quatre millions) à ce jour, la petite entreprise bretonne (MéGo !) fait cependant figure d’exception (…)
• Sur le même créneau, la start-up bordelaise Eco-mégot reconnaît que son programme de recyclage n’est pas encore tout à fait au point.
« Notre gros défi, c’est la valorisation de cette matière, aujourd’hui, on en est seulement à la création d’une cellule de R&D dans l’optique de créer un outil industriel capable de recycler les filtres étant donné qu’il y a beaucoup de composés chimiques et qu’il faut arriver à savoir comment dépolluer avant de recycler », explique Eco-mégot qui, pour le moment, stocke les 85 kilos collectés depuis octobre.
•• « Pour le moment, nous stockons les mégots que nous collectons en France et dans les autres pays d’Europe afin d’obtenir des quantités suffisantes pour pouvoir les recycler à grande échelle sur des équipements qui nécessitent en général des volumes équivalents à plusieurs dizaines de tonnes », avance l’entreprise américaine Terracycle, qui revendique la mise au point d’un procédé technologique «confidentiel» de décontamination des résidus de tabac et mégots pour obtenir du compost et de la matière plastique.
En Europe, l’entreprise de cet upcycler canado-hongrois n’aurait, pour l’instant, effectué que des « tests de recyclage dans son usine britannique. »
•• Un rapport d’expertise de l’Institut national de l’Environnement industriel et des Risques (Ineris), rendu public en décembre 2017, souligne d’ailleurs au sujet du mégot que « les voies de valorisation lorsqu’elles existent […] sont encore au stade embryonnaire (…) Il est aujourd’hui difficile, sur la base du peu d’éléments disponibles, notamment concernant la performance des procédés de lavage des filtres, d’évaluer leur pertinence et leur respect du cadre réglementaire existant ».