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Les autorités maliennes ont commencé à faire respecter l’interdiction de la chicha en procédant, selon elles, à des dizaines d’interpellations dans des clubs de la capitale et à la saisie de nombreuses pipes à eau (voir 3 septembre 2022). C’est ce que relate l’AFP dans une dépêche que nous reprenons.

« Descente vigoureuse de l’Office central des stupéfiants/ OCS sur les chicha-clubs de Bamako : une cinquantaine d’individus en taule et un important lot de matériels saisis », a rapporté l’OCS sur Facebook.

L’OCS a publié des photos d’une opération montrant ses agents appréhendant un certain nombre de jeunes hommes et femmes et les embarquant à l’arrière de pickups. Une photo montre un tas de narguilés en vrac. « Fini le délai de grâce donné par les autorités aux importateurs, aux distributeurs, aux vendeurs et aux consommateurs de chicha au Mali », dit l’OCS.

•• Les autorités dominées par les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 avaient provoqué la surprise en août 2022 en annonçant l’interdiction de la chicha. La junte ne s’était pas spécialement signalée jusqu’alors par de tels actes de prohibition.

Les bars où de jeunes hommes, en majorité, se délassaient en tirant sur la pipe à eau ont fleuri ces dernières années à Bamako, capitale relativement préservée de la violence multiforme et de la propagation jihadiste qui affligent le Mali depuis plus de dix ans.

Les autorités avaient donné six mois aux bars pour fermer. L’interdiction est entrée véritablement en vigueur ce 15 février. Un décret signé par six ministères prévenait que les consommateurs encouraient de un à dix jours de prison et une amende de 300 à 10 000 francs (0,5 à 15 euros).

•• Cette mesure a divisé les Maliens entre défenseurs de la santé publique et amateurs de distraction. Le Mali est un pays dans son immense majorité musulman et les interprétations de l’islam ne sont généralement pas favorables à la chicha ou à la cigarette. Mais c’est aussi un pays laïc qui tolère l’alcool par exemple, même si la consommation en est limitée à certains lieux publics et que la majorité des débits et restaurants n’en servent pas.

Un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait en garde en 2017 contre la dangerosité du narguilé, de une à dix fois plus nocif que la cigarette et qui ne fait pas l’objet des mêmes campagnes de sensibilisation que le tabac.