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4 Mar 2016 | International
 

Achats frontaliersAvec un taux de prévalence tabagique de 21 % de fumeurs – dont 15 % de fumeurs quotidiens -en 2015, la consommation de tabac des habitants du Grand Duché reste stable depuis ces trois dernières années, selon une enquête commanditée par la Fondation Cancer et publiée ce mardi 1er mars. 

Outre une alerte sur la prévalence des 25-35 ans (29 %) et de l’augmentation des utilisateurs de chicha (5 % de la population dont 24 % des 15-24 ans), la Fondation réclame une augmentation des prix du tabac, « le moyen le plus efficace pour réduire à long terme la consommation de tabac ».

Dans un éditorial de ce jeudi 3 mars, un journaliste du Quotidien explique pourquoi ce n’est pas d’actualité :

« Un résident luxembourgeois sur cinq fume (…) Ces chiffres ne portent que sur la population du Grand-Duché et pas sur ses nombreux travailleurs étrangers qui, chaque jour, traversent la frontière pour participer à son économie florissante. En retour, on leur offre essence, alcool et tabac à bas prix. En tout cas moins cher que chez eux.

« Ce trio du mal est une source de rentrées fiscales importantes pour le pays, qui joue de cet avantage concurrentiel pour favoriser le tourisme à la pompe. Expression honnie par ici et pourtant bien réelle, qui comprend non seulement le carburant mais aussi les deux autres polluants.

« Le Luxembourg, malgré les pressions, malgré l’appel à la raison des associations, semble fermement décidé à continuer la politique du tabac discount. Car l’argent n’a pas d’odeur, même dans ce cas. Et comme « seulement » un Luxembourgeois sur cinq fume, pourquoi mener une politique volontariste pour réduire la consommation de nicotine ? Le ratio entre les rentrées fiscales et la santé de la population semble pencher d’un seul côté.

« Plus de cent études démontrent pourtant que l’augmentation des prix des cigarettes réduit le tabagisme, ainsi que le nombre de cigarettes fumées par les fumeurs qui n’arrêtent pas. Presque une formule magique, utilisée par de nombreux pays. Mais quand les fumeurs ont accès à du tabac moins cher qu’ailleurs, ils reprennent leurs habitudes.

« Au Luxembourg, on fait fi de ces données. La Fondation Cancer aura ainsi l’occasion de réitérer son étude, en 2017. Et de rappeler, inlassablement, que le prix du tabac doit être augmenté, coûte que coûte.

« Mais avec la chute du prix du baril, qui a pour conséquence une baisse des rentrées fiscales pétrolières, difficile d’imaginer le Grand-Duché renoncer à la manne de la nicotine. Ou même à celle de l’alcool. La santé attendra encore un peu ».

Les ventes de tabac rapportent 500 millions d’euros par an à l’État luxembourgeois, d’après les derniers chiffres disponibles. Quelque 170 millions de paquets et 4 000 tonnes de tabac y sont vendus chaque année, la majeure partie de ces achats étant réalisée par des non-résidents.