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3 Oct 2013 | Vapotage
 

Dans son bureau de Pékin, Hon Lik, l’inventeur de la cigarette électronique, reçoit de plus en plus  de journalistes. Dernier exemple : l’AFP. Convaincu d’avoir « apporté une contribution majeure à la société », l’ingénieur parle notamment de son rapprochement avec Imperial Tobacco.

«  Je ne suis pas riche, à cause des ennuis que l’entreprise a rencontrés », annonce d’emblée le co-fondateur de la marque Ruyan (« Comme une cigarette », en chinois). L’affaire marche et les brevets qu’il a déposés devraient rapporter, selon lui, 75 millions de dollars à Dragonite (l’autre entreprise qu’il a fondée, à Hong Kong). Mais c’est bien moins qu’il n’en attendait … face à un marché mondial estimé à plus de deux milliards de dollars (selon Euromonitor, une entreprise d’intelligence économique).

Hon Lik revient sur la saga de son invention,  plus romanesque que dans une récente interview (voir Lemondedutabac du 29 septembre). Gros fumeur, il recourt alors aux patchs nicotiniques pour arrêter, ce qui lui  provoque des cauchemars la nuit. Sauf que dans l’un d’eux, il se retrouve en train de se noyer dans une mer transformée en nuage de vapeur … La cigarette électronique est née en 2003.

Après un an d’essais, il parvient au design du produit actuel. Et, en 2006, Ruyan « produisait 24 heures sur 24, avec une demande toujours supérieure à l’offre » se rappelle t’il. Mais, suite à une série d’articles dans la presse accusant sa cigarette d’être addictive, les ventes se tassent. Et la puissante administration chinoise des tabacs va l’accuser de publicité irresponsable, tout en recommandant aux magasins pékinois de cesser les ventes.

C’est alors que les concurrents vont fleurir en Chine et à l’étranger avec un produit analogue. Des copieurs, selon lui : « les cigarettes vendues sur le marché sont surtout des détournements de nos brevets … Ils ont fait quelques petites adaptations, mais à la base, c’est la même chose ». Il dépose plainte contre plusieurs fabricants aux Etats-Unis. Aujourd’hui, sa crainte est que « les Etats classent la cigarette électronique comme produit pharmaceutique en lui imposant des normes imprévues ».

Du coup, il s’est allié à Imperial Tobacco, qui a annoncé son intention de lui racheter ses brevets pour plusieurs dizaines de millions de dollars (voir Lemondedutabac du 6 septembre).  Une somme dont il ne profitera pas directement, « car elle sera investie dans Dragonite », ajoute Hon Lik, pendant qu’il travaillera comme « conseiller » auprès d’Imperial. « Il n’y a rien de contradictoire à travailler avec l’industrie du tabac, confrontée aux interdictions de fumer », assure Hon Lik, « dans 20 ou 30 ans, je serai peut-être célèbre ».