Les jeux de hasard occupent une place à part dans le quotidien des Français.
Selon un rapport de la Cour des comptes, publié ce jeudi 21 septembre, près de la moitié des adultes déclarent jouer, dont 93 % aux loteries, tandis qu’un quart d’entre eux parient. Et l’autorisation des jeux en ligne a boosté le secteur, avec une hausse de 42 % des mises entre 2010 et 2021, pour atteindre 43,2 milliards d’euros.
Portrait en chiffres, dans Les Échos, d’une industrie particulièrement prospère.
•• 9 milliards d’euros de produits de jeux
En 2022, le chiffre d’affaires des opérateurs du secteur (appelé Produit brut des jeux, c’est-à-dire la différence entre le montant des mises et les sommes reversées aux joueurs), a dépassé son niveau d’avant-crise sanitaire. Il a atteint 12,9 milliards d’euros, contre 11,1 milliards en 2019. Quelque 83 % de ce total sont constitués par les jeux « en dur », une part en recul de sept points depuis 2016 face au jeu en ligne.
La loterie représentait l’an dernier près de la moitié de ces revenus, à 5,55 milliards d’euros devant les casinos et clubs de jeux (2,6 milliards), les paris sportifs (2,25 milliards) et les paris hippiques (2,06 milliards). Le poker en ligne agrégeait quant à lui 442 millions d’euros.
•• 30 000 points de vente pour la FDJ, 13 000 pour le PMU
La Française des Jeux a réalisé à elle seule plus de la moitié du chiffre d’affaires enregistré en France l’an dernier, avec 6,5 milliards d’euros, en progression de 9 % sur un an, pour 20,6 milliards d’euros de mises. Un résultat évidemment tiré par ses droits exclusifs sur la loterie – en dur et en ligne – et les paris sportifs en dur, acquis pour 25 ans au moment de sa privatisation en 2019 par le versement à l’État d’une soulte de 380 millions d’euros.
Fin 2022, le groupe répartissait ses activités en dur dans 30 000 points de ventes sur le territoire. Le PMU, lui, dénombrait 13 000 points de ventes et était présent sur 235 hippodromes. La France comptabilisait par ailleurs 202 casinos, soit le réseau le plus dense d’Europe.
•• 2,2 milliards d’euros pour les jeux en ligne
Après une forte croissance pendant la crise sanitaire, tirée par la fermeture des points de ventes physiques, le jeu en ligne a connu un coup d’arrêt en 2022. Réparti entre dix-sept opérateurs, le chiffre d’affaires hors loterie s’est établi à 2,18 milliards d’euros, soit seulement 0,8 % de plus qu’en 2021, alors qu’il avait enregistré des progressions de 22 et 24 % les années précédentes.
Une stagnation qui s’explique par la fin des confinements décidés pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et la reprise de l’activité dans les points de vente physique. Passée de 15 à 26 % entre 2019 et 2021, la part de marché des jeux en ligne a ainsi reculé à 23 % l’an dernier.
Les paris sportifs ont représenté à eux seuls près des deux tiers des produits de jeux, à 1,4 milliard d’euros.Portés par la crise sanitaire, les paris hippiques et le poker en ligne peinent quant à eux à poursuivre leur expansion, avec des revenus 2022 légèrement inférieurs à ceux engrangés en 2020.
•• 5,8 milliards d’euros de recettes fiscales
Les recettes fiscales tirées des jeux ont retrouvé leurs niveaux d’avant-Covid, « après avoir baissé de 20 % de 2019 à 2020 ». En 2021, date des dernières données disponibles, elles ont atteint 5,8 milliards d’euros, dont 900 millions d’euros de prélèvements sociaux.
L’État a récupéré à lui seul 77,4 % du total. Le reste est réparti entre les communes et groupes de communes (3,05 %) et d’autres acteurs (4,14 %) comme la Fondation du patrimoine.
La loterie est de loin le plus gros pourvoyeur de recettes, avec 3,36 milliards d’euros l’an dernier, récoltés en intégralité auprès de la FDJ du fait de son monopole en la matière. Cela représente ainsi 52,5 % de son chiffre d’affaires sur l’année et 60,5 % sur la seule loterie. Les paris sportifs ont quant à eux généré 1,02 milliard de prélèvements fiscaux, et les paris hippiques, 633 millions.
•• Plus de 500 milliards d’euros dans le monde d’ici à 2025
Citant une étude réalisée par H2GC, la Cour des Comptes évalue le marché mondial des jeux de hasard à 437 milliards d’euros en 2022 – dont près d’un quart de jeux en ligne -, de quoi en faire « la sixième industrie de loisir ». Et ce chiffre devrait grimper à 508,5 milliards d’euros en 2025 selon la même source.
L’Amérique du Nord représentait, en 2020, le premier marché mondial, avec 35,5 % de parts de marché devant l’Europe (28,7 %) et la région Asie-Pacifique, Australie comprise (26 %). Les jeux de hasard occupent une place à part dans le quotidien des Français.