20 milliards d’euros par an … c’est le montant de la facture pour la collectivité, établie par l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses), des différents coûts générés par la pollution de l’air intérieur, en France.
Cette étude – la première du genre sur l’air intérieur où nous passons près de 90% de notre temps – se veut « plus illustrative que quantitative » puisqu’elle s’est concentrée sur les conséquences économiques et sanitaires de six polluants, a précisé l’Agence dans son communiqué de présentation de ce vendredi 11 avril.
Ceux-ci (benzène, radon, trichloréthylène, monoxyde de carbone, particules et fumée de tabac) provoqueraient « près de 20 000 décès prématurés par an ». Avec, pour exemple : le tabagisme passif, les maladies respiratoires liées aux particules, le cancer du poumon associé au radon (gaz radioactif d’origine naturelle qui se concentre dans un bâtiment mal ventilé) ou la leucémie liée au benzène (pouvant être présent dans des produits de bricolage, des meubles ou isolants), etc.
Le coût global de cette pollution intérieure – 19,5 milliards d’euros exactement – a été, quant à lui, établi en additionnant le coût estimé des vies humaines perdues, celui de la dégradation de la qualité de vie liée aux traitements médicaux, les pertes de production pour l’économie mais aussi le coût pour les finances publiques à travers les dépenses en soins et en recherche.
Au delà de l’aspect hétéroclite de cette nomenclature …, l’Anses reconnaît les limites de l’exercice en raison du manque de données sur certains polluants ou niveaux de concentration « dans les différents lieux de vie et pas seulement dans les logements ». Rappelons que l’étude exploratoire visait surtout à démontrer la « faisabilité » d’une approche socio-économique …
Mais aussi une remarque en passant : ce ne serait pas la première fois que Pierre Kopp, professeur d’économie à la Sorbonne, qui est partenaire de l’étude aux côtés de l’Observatoire de la Qualité de l’Air intérieur, « charge la facture ». C’est à lui que l’on doit les 47,7 milliards d’euros de coût social (soins, décès, pertes de productivité, de salaires et d’impôts) du tabac en 2003.
Une étude du Commissariat général au Développement durable (de l’automne 2013) avançait, pour l’ensemble de la pollution, 0,7 à 1,7 milliard d’euros, par an, pour le système de soins et une enveloppe de 20 à 30 milliards pour le coût social global (en incluant mortalité et coûts économiques).