Les marques populaires de cigarettes électroniques pourraient devenir plus chères aux États-Unis, si tant est qu’on puisse encore les trouver…
C’est ainsi que débute une dépêche de Reuters, du 5 juin, que nous reproduisons.
Les expéditions de cigarettes électroniques de la Chine vers les États-Unis ont pratiquement cessé en mai par rapport à l’année dernière, selon des données officielles, en raison des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump et de la répression contre les cigarettes électroniques non autorisées sur le plus grand marché mondial des substituts du tabac (voir 14 janvier 2024).
C’est le cas de Geek Bar, une marque de cigarettes électroniques aromatisées qui n’est pas autorisée à la vente aux États-Unis, mais qui était largement disponible en raison de contrôles d’importation laxistes…
Un détaillant, qui a souhaité rester anonyme car son entreprise vend des cigarettes électroniques non autorisées, a déclaré à Reuters que l’un des fournisseurs de cigarettes électroniques de son magasin recevait normalement 100 boîtes de cigarettes électroniques Geek Bar par semaine, mais n’en recevait plus que dix. Un autre fournisseur a imposé des limites d’achat sans précédent.
« Il y a eu de nombreux problèmes dans la chaîne d’approvisionnement pendant la COVID-19, a déclaré cette personne. Mais je n’ai jamais vu cela auparavant. »
Le fournisseur américain a limité les achats à cinq boîtes à la fois en raison « d’augmentations de prix liées aux droits de douane et d’une disponibilité limitée sur le marché », selon un avis non daté adressé aux clients et consulté par Reuters.
La décision de Trump d’imposer des droits de douane élevés à la Chine, qui s’élèvent désormais à 30 % après avoir atteint un pic de 145 % en avril, ainsi que les saisies massives de cigarettes électroniques non autorisées, ont limité l’approvisionnement des marques chinoises.
Entre le 1er et le 28 mai, la FDA n’a enregistré que 71 expéditions de produits étiquetés comme cigarettes électroniques ou vapoteuses en provenance de Chine, contre près de 1 200 sur la même période l’année dernière.
Ces importations avaient déjà chuté de 40 % à 60 % en février, mars et avril après l’entrée en fonction de Donald Trump, avant de s’effondrer en mai, selon les données disponibles.
En attendant, les distributeurs s’attendent à une seule direction pour les prix. « Avec les droits de douane, ils vont certainement augmenter », a déclaré un distributeur américain qui souhaite rester anonyme.
Mais cela n’aura peut-être pas beaucoup d’impact sur les ventes. Les fabricants non autorisés bénéficient de marges importantes et peuvent absorber une partie du coût des droits, selon Luis Pinto, porte-parole de British American Tobacco USA.
Les consommateurs accros continuent d’acheter, même si les prix augmentent. Les Geek Bar, à 20 dollars, resteraient attractives même avec 5 dollars de plus.
La majorité des produits vendus proviennent de Shenzhen qui répond à la majorité de la demande mondiale.
Pour contourner les droits, certains fabricants illicites falsifient l’origine ou étiquettent faussement les produits pour les faire passer pour originaires d’Indonésie, du Vietnam ou du Mexique, explique M. Pinto.
La FDA et les douanes confirment que les cigarettes électroniques sont parfois déguisées en chaussures ou jouets pour échapper aux contrôles…
Le PDG d’Altria, Billy Gifford, espère que ces droits entraîneront une « application beaucoup plus stricte » des règles aux frontières.
La guerre commerciale avec la Chine a aussi fait chuter le fret maritime et aérien, limitant les expéditions, y compris celles de cigarettes électroniques.
Les fabricants illicites se délocalisent en Indonésie, tendance accentuée par le maintien des droits. « Ils sont très adaptables. Quoi qu’il arrive aux États-Unis, l’industrie survivra », conclut un ancien employé.