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30 Oct 2019 | Vapotage
 

Dans la page « Idées & débats » des Échos daté du 28 octobre, Marie-Josée Cougard (responsable de la rubrique Consommation et Distribution) signe une analyse sur « le coup de tabac » frappant la cigarette électronique aux États-Unis. Extraits.

« En quelques mois, la cigarette électronique que s’arrachaient les teenagers américains est devenue l’objet de tous les soupçons …

Les chiffres : en 2018, 3,6 millions collégiens vapotaient (plus 70 % en un an) ; fin septembre 2019, ils étaient 5 millions, selon le ministère américain de la Santé) ; près de 30 % des lycéens étaient utilisateurs de cigarettes électroniques en 2019, trois fois plus qu’en 2017 et ce malgré l’interdiction de vapotage aux moins de 18 ans.

•• Ce phénomène « a fait de la start-up californienne Juul, à l’origine de cette flambée d’enthousiasme, une pépite dans laquelle Altria – le premier cigarettier au monde, le fabricant de Marlboro, la marque la plus vendue à la surface de la Terre – a investi 12,8 milliards de dollars pour en prendre 35 % du capital » (voir Lmdt des 20 décembre 2018 et 25 septembre 2019).

•• « Brusquement, la situation a viré à l’aigre » … Inquiétude des parents sur l’addiction de tout jeunes vapoteurs qui n’avaient jamais fumé …

Des chiffres ont commencé à circuler dans les journaux. Sur la proportion de jeunes concernés. Sur le taux de nicotine ainsi absorbé. Jusqu’à 60 milligrammes par millilitre, quand, en Europe, la réglementation interdit aux fabricants de dépasser 20 milligrammes.

La FDA (Food and Drug Administration) a rouvert le dossier. Donald Trump a reconnu le problème, estimant qu’il allait falloir « être ferme » (voir Lmdt du 11 octobre). Les décisions sont tombées.

Juul a retiré toutes les substances aromatisées non mentholées (voir Lmdt du 18 octobre 2019). Plusieurs États ont interdit le vapotage des liquides parfumés. Les grandes enseignes de la distribution ont retiré les vapoteuses de leurs rayons (voir Lmdt du 12 octobre).

•• Les interrogations fusent. Connaissait-on vraiment le contenu de ces cigarettes ? En cernait-on parfaitement les risques ?

Peut-on encourager les fumeurs à les préférer au tabac sous prétexte qu’elles n’ont pas les défauts rédhibitoires de la cigarette classique, à savoir les goudrons et la combustion, dont les effets cancérigènes sont avérés ?  La machine s’est encore emballée davantage avec l’annonce des premiers morts (voir Lmdt des 4 et 29 octobre).

•• Marie-Josée Cougard retient les témoignages de médecins et psychologues sur « les multiples demandes de jeunes qui veulent arrêter et de leur embarras devant le peu de réponses efficaces qui existent pour sortir d’une addiction à la nicotine ».

Le Wall Street Journal cite le Dr Jonathan Avery, un psychiatre spécialiste des addictions à Weill Cornell Medicine à Manhattan, qui a vu « de nombreux adolescents arriver aux urgences avec ce qu’ils croient être des complications liées au vapotage. Dans certains cas, ils montrent les premiers symptômes de maladies pulmonaires dues à cette pratique. Dans d’autres cas, ils n’ont rien. Ils ont juste peur d’être malades ».

« Il nous manque un centre de désintoxication de la nicotine pour les jeunes » dit encore le docteur Jonathan Avery.

•• Le choc en retour ne s’est pas fait attendre en France, estime l’auteur de l’article. Le marché de la vape nationale a subi de plein fouet les conséquences des profondes perturbations du marché américain.

Les ventes de produits de vapotage ont chuté, pour l’instant, de 15 à 20 % dans les bureaux de tabac, toujours selon Les Échos.