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12 Mar 2023 | International, Observatoire
 

« Comment distingue-t-on un magasin illégal de cannabis d’un magasin légal dans cette ville qui semble ne plus jamais cesser d’en fumer, à en juger par l’odeur quasi permanente qui flotte désormais dans ses rues ? … Facile, le magasin illégal ne cache rien de ses activités ».

C’est ainsi que démarre un reportage de presse.ca signé Richard Hétu sur le processus de légalisation du cannabis à New York (voir 25 décembre 2022). Ce n’est pas encore évident. Extraits.

Le magasin légal obstrue ses vitrines et place ses produits, pas toujours aussi nombreux ou variés, de façon à les cacher à la vue du passant. « Nous suivons les règles de la ville. Ils ne veulent pas que les gens dehors – surtout les enfants – voient ce qui se passe à l’intérieur » » explique la gérante d’Housing Works Cannabis Company, première boutique légale de cannabis à des fins récréatives à New York, dont l’ouverture remonte seulement au 29 décembre dernier.

Autre question : combien y a-t-il de magasins légaux de cannabis récréatif à New York ? 3 jusqu’à maintenant.

•• Et combien d’illégaux ? Environ 1 400, selon l’estimation offerte à la mi-janvier par le shérif de la Ville de New York, Anthony Miranda, lors d’un témoignage devant le conseil municipal. Il n’en fallait pas plus pour qu’un conseiller utilise l’expression Wild Wild West pour décrire le marché du cannabis à New York.

Le maire de la ville, Eric Adams, préfère de son côté la formule abrégée Wild West pour parler de cette prolifération de magasins qui vendent du cannabis sans permis (…)

Selon un avocat new-yorkais spécialisé dans le droit du cannabis, « si l’histoire nous montre quelque chose, c’est que New York est le plus grand marché. Et les forces de l’ordre ne pourraient pas arrêter assez de personnes pour essayer d’éliminer celui-là (…) donc, les exploitants de magasins et peut-être certains propriétaires vont prendre ces risques étant donné la manne financière qu’ils peuvent obtenir. »

•• Les risques ne sont plus ce qu’ils étaient. En légalisant le cannabis à des fins récréatives au printemps 2021, les responsables de l’État de New York ont largement tourné le dos à leur approche répressive face à cette drogue. Et ils ont promis de privilégier les « victimes » de cette répression, noires ou hispaniques pour la plupart, lors de la délivrance des 150 premiers permis de vente de cannabis.

Or, cette délivrance des permis, commencée fin 2022, se fait au compte-gouttes, et n’a surtout pas empêché une pléthore de commerces de se mettre à vendre du cannabis sans permis. Et sans trop craindre les forces de l’ordre.

•• Mais qu’attend donc la Ville de New York pour mettre fin à ce Wild West ? Dans une tribune récente, le maire Eric Adams a indiqué qu’il n’excluait pas des poursuites pénales contre les exploitants de dispensaires illégaux pour évasion fiscale, blanchiment d’argent ou vente de cannabis à des mineurs.

Mais, jusqu’à nouvel ordre, il opte pour des actions civiles. En quoi consistent ces actions civiles ? Il y a trois semaines, le bureau du procureur de Manhattan a envoyé environ 400 lettres à des magasins sans permis, les avertissant que la ville engagerait des procédures d’éviction légales à l’encontre des locataires commerciaux qui vendent du cannabis sans permis.

L’envoi de ces missives fait suite à la saisie de 4,1 millions de dollars de produits de cannabis dans 53 commerces par le bureau du shérif de la Ville de New York.Le maire de New York peut quand même se consoler, lui qui espère tirer 1,3 milliard de dollars de recettes sur les ventes de cannabis au cours des six prochaines années. Contrairement à ses craintes, les établissements légaux ne semblent pas trop souffrir de la concurrence illégale.

« Nous avons dépassé nos attentes de façon spectaculaire » déclare la directrice des ventes de Housing Works Cannabis Co. Photo : Richard Hétu