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22 Jan 2020 | Profession
 

En contrepoint de l’analyse du Figaro (voir 21 janvier) sur les vicissitudes des cigarettiers, le CEO de Philip Morris International, André Calantzopoulos (voir 25 août 2019) – qui défend depuis 2015 « un monde sans fumée » – estime que les gouvernements ne jouent pas assez leur rôle pour favoriser le passage des fumeurs aux produits alternatifs à la cigarette.

Extraits de l’interview d’Ivan Letessier.

•• Sur la fin des cigarettes traditionnelles : « Entre les fumeurs qui s’arrêtent et ceux qui décident de privilégier des alternatives à la cigarette, dans certains pays, nous pourrions parvenir, en dix ou quinze ans, à faire tomber le nombre de fumeurs à 3 % de la population et alors arrêter la cigarette. En Équateur, où nous avons une position dominante, en Nouvelle-Zélande, au Canada, au Royaume-Uni et au Japon, c’est parfaitement faisable.

« Ailleurs que dans des îles, cela prendra plus de temps : vouloir aller trop vite sans s’harmoniser avec les pays voisins, comme en France, crée de la contrebande de cigarettes. Pour en finir avec la cigarette, encore faut-il un alignement entre les industriels, les gouvernements et les acteurs de la santé publique

« Avoir des produits alternatifs à la cigarette dont il est scientifiquement prouvé qu’ils présentent moins de risques ne suffit pas. Il faut avoir la possibilité de convaincre les fumeurs qui ne souhaitent pas arrêter d’y passer. L’industrie doit faire une partie de ce travail, il faut que les gouvernements fassent le leur (…)

•• Sur la façon de procéder : « La seule façon d’accélérer la transition vers des produits moins nocifs est de mettre en place une politique de l’offre, avec des règles différentes en termes de fiscalité, de messages sanitaires sur les emballages, de recommandations des autorités publiques et de droit des industriels à faire de la publicité. La confusion est grande chez les fumeurs sur l’origine des méfaits des cigarettes : certains pensent que c’est la nicotine, d’autres les additifs, d’autres le tabac … Seuls 15 % savent que c’est la combustion. 

•• Sur la communication à utiliser : « La communication de masse n’est pas essentielle, mais il faut que les buralistes puissent expliquer les vertus des nouveaux produits aux consommateurs.

Pour le moment, il faut payer (les produits / ndlr) pour les essayer ; comment voulez-vous réussir à convertir les fumeurs dans ces conditions ? Par ailleurs, il est important que les gouvernements lancent des campagnes officielles d’information sur les alternatives moins nocives que les cigarettes et qu’ils en favorisent l’accès aux consommateurs. Ne pas le faire est irresponsable. Je déplore cette apathie des pouvoirs publics de nombreux pays et l’ostracisation automatique de tout ce qui émane des cigarettiers.

•• Sur de nouvelles fusions dans le secteur : « (…) PMI n’a pas intérêt à participer à une fusion sur le marché des cigarettes, puisque nous voulons l’abandonner à terme. Le seul intérêt d’une opération serait d’accélérer sur les produits alternatifs, où il y aura une consolidation. Mais une fusion n’est pas forcément nécessaire : des accords commerciaux, comme celui que nous avons avec Altria pour commercialiser notre système de tabac à chauffer aux États-Unis, aboutissent au même résultat ».