Dans le concert des réactions sur le rapport de la Cour des Comptes (voir du 13 décembre et de ce jour), les prises de position des « partisans d’une France sans tabac » portent à réfléchir. Le seul combat qui les mobilise, apparemment, c’est l’attaque frontale du réseau des buralistes. Sans jamais apporter de propositions constructives à l’enjeu prioritaire : une politique cohérente de prévention.
• Omniprésent sur les plateaux ou dans les studios depuis 24h, le Pr Dautzenberg (Office français de Prévention du tabagisme) revient, en permanence à la charge, sur le « lobbying » des buralistes « dont on ne comprend pas la puissance » ; sur les aides « 2,6 milliards d’euros ( ?) mis dans leur poche au lieu de les utiliser pour leur reconversion » ; sur l’interdiction de vente aux mineurs : « les buralistes ne savent même pas faire la différence entre une adolescente de 12 ans et une fille de 18 ans … Il faut condamner le président de l’association qui vend aux mineurs ». Quant au marché parallèle, le professeur balaie d’une main le phénomène « C’est essentiellement un problème de ventes transfrontalières. De toute façon, dans 20 ans ou 30 ans, le réseau des buralistes aura disparu ».
« C’est l’Etat qui est coupable d’écouter les buralistes », aime t’il répéter, en s’en prenant directement à Marisol Touraine « qui n’a même pas de conseiller Tabac dans son cabinet et qui n’a pas pris la peine de parrainer et d’assister au Congrès de tabacologie en novembre dernier » (voir Lemondedutabac du 26 octobre) ). Par ailleurs, rien concernant un Plan prévention.
• Mêmes arguments pour Yves Martinet (CNCT). « Depuis dix ans, il n’y a eu qu’une politique en faveur des marchands de tabac », dénonçant le 1,5 milliard ( ?) d’euros de cadeaux faits aux buralistes. Concernant l’interdiction de vente aux mineurs, « c’est quelque chose qui doit être fermement réprimé ». Même silence sur la prévention auprès des jeunes et sur le marché parallèle ;
• Martine Perez, auteur du livre Interdire le tabac : l’urgence remonte au créneau dans Le Figaro pour préconiser, à nouveau, « de dénoncer l’industrie du tabac pour mieux sensibiliser les jeunes ».
• Plus discret, DNF a réagi, via une dépêche AFP, appelant « le président de la République à faire, sans attendre, de la lutte contre le tabac une grande cause nationale ». Plus pragmatique, cependant, le communiqué « s’indigne » de la situation des départements ultra-marins, où on laisse « se développer un commerce de vendeurs ambulants qui proposent, à la sortie des écoles, des cigarettes vendues à l’unité ».