Tout finit par arriver à qui sait attendre … L’Assemblée nationale a donné, ce vendredi 25 octobre, son feu vert à une expérimentation de l’usage médical du cannabis, dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale, pour 2020.
Les députés ont voté à main levée un amendement du rapporteur Olivier Véran (voir Lmdt du 17 octobre). « Je souhaite vivement que cette expérimentation puisse débuter au cours du premier semestre 2020 » a réagi la secrétaire d’État Christelle Dubos.
•• Elle est prévue pour durer deux ans : six mois de mise en place, six mois de traitement des patients, six mois de suivi des patients et six mois d’analyse des données, avec remise d’un rapport définitif par un comité scientifique.
•• « Elle pourra porter sur 3 000 patients en France et visera à expérimenter l’impact positif des dérivés du cannabis sur certaines pathologies » a expliqué Olivier Véran au Monde.
« Ce n’est absolument pas la martingale, ce n’est pas le Graal de l’antidouleur, il ne s’agit pas de développer un nouveau médicament qui remplacerait le paracétamol ou un autre antalgique mais de trouver le moyen d’un nouveau traitement adjuvant. »
•• Les patients de tout le territoire seront éligibles. En revanche, comme annoncé en décembre 2018 par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), seules cinq « indications médicales » sont retenues et l’expérimentation sera menée dans plusieurs centres hospitaliers (voir Lmdt du 12 juillet).
L’ANSM s’est prononcée en faveur de modalités d’administration assez larges : fleurs séchées, huiles et éventuellement de tisanes. Les différentes posologies pourront intégrer des rapports très variables entre les deux principes actifs : le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD) qui entraîne plutôt une relaxation musculaire.
•• La mesure a été accueillie favorablement dans l’Hémicycle. « Il faut passer outre les critiques qui sont faites autour de cette proposition puisqu’un groupe d’experts avait validé le principe » d’une expérimentation, a estimé le député Les Républicains Jean-Pierre Door.
« Toutefois cela pose la question de la filière d’approvisionnement, la France n’autorisant pas la production de cannabis » a rappelé le communiste Pierre Dharréville.
•• Rappelons qu’une mission parlementaire est en cours de mise en place sur le sujet « cannabis », sujet décliné en trois catégories : le « thérapeutique », le CBD et le « récréatif » (voir Lmdt du 12 juillet).