Au Canada, la consultation publique sur le paquet neutre s’est achevée ce mercredi 31 août (voir Lmdt des 31 et 8 janvier). En ligne depuis le 31 mai, le ministère de la Santé y aurait consacré moins de 15 000 euros (10 000 dollars canadiens) et serait resté très discret auprès du public.
Ce que soulignent, à quelques jours d’intervalle, une campagne média lancée par JTI-Macdonald et un article du site québécois les affaires.com, publié ce samedi 27 août, avec des experts plutôt sceptiques.
•• Arborant une image de paquet de cigarettes avec un casque antibruit (photo), la campagne JTI indique que « le gouvernement ne vous écoute pas » et invite les Canadiens à consulter un site internet proposant un « vrai débat sur le projet politique visant à introduire le paquet neutre ». Selon un sondage mené auprès de 2 000 Canadiens, seulement un répondant sur dix aurait compris l’objet de la consultation publique menée par Ottawa. « Comment appeler ça une « consultation » […] ? », écrit le site de la campagne.
•• « Je suis un antitabac « solide » et, oui, l’emballage est un outil puissant », admet le dirigeant d’une grosse agence à Montréal sous le couvert de l’anonymat dans les affaires.com, « mais au Québec, les paquets sont déjà cachés, et la majorité de la surface des paquets est occupée par des avertissements-chocs ».
•• Selon Frank Pons, professeur de marketing à l’Université Laval, si les couleurs ou le type d’emballage peuvent attirer notamment les jeunes, la mesure proposée « n’est pas aussi efficace qu’on le dit. L’effet n’est pas énorme, mais il y a un impact, même s’il est marginal. En fait, ce n’est pas la recette magique dans la lutte antitabac, ça fait partie de l’attirail ».
•• Jacques Nantel, professeur de marketing à HEC Montréal : « Le paquet générique, c’est beaucoup plus une mesure politique pour le gouvernement, qui pourra dire « nous agissons ». Mais les données sur l’efficacité de la mesure sont peu probantes. Les emballages sont déjà horribles ».
•• « Le tabagisme est en déclin année après année » soutient Éric Gagnon, d’Imperial Tobacco (groupe BAT au Canada), « ce n’est pas le paquet neutre qui a changé cette tendance. En plus, au Canada, 75 % de la surface des paquets est occupée par des messages de santé publique, et les cigarettes sont cachées derrière des portes ou des tiroirs. Pire, s’il n’y a plus moyen de différencier les marques, la contrebande va exploser, on l’a vu en Australie » (voir Lmdt du 21 novembre 2015).
•• Conclusion du professeur Jacques Nantel : « ce qui est intéressant à surveiller, c’est ce qui va se produire dans les autres industries. Les Pepsi et Coke de ce monde doivent suivre ce débat de très près ».