Au fil des mois, plusieurs commerces ou services se sont installés dans le nouveau quartier Écocité construit au bord du canal de l’Ourcq à Bobigny (préfecture de la Seine-Saint-Denis). Mais depuis quelques semaines, le devenir d’un local professionnel, situé en rez-de-chaussée d’un immeuble tout neuf, suscite une polémique locale … parce qu’il pourrait accueillir un buraliste, lui-même conseiller municipal. Compliqué.
Des copropriétaires de la résidence ont lancé une pétition en ligne pour protester contre l’arrivée d’un « tabac » dont les murs appartiennent au bailleur CDC Habitat. Ce 25 décembre, elle avait réuni quelque 444 signatures, selon Le Parisien dont nous reprenons l’article.
•• « Le quartier Écocité, éloigné des équipements municipaux et des commerces du centre-ville de Bobigny, manque cruellement de commerces de proximité de qualité. L’ouverture de ce commerce ne répond en rien à nos besoins et à nos attentes pour favoriser le bon vivre-ensemble au sein du quartier » écrivent les pétitionnaires. Ils redoutent même que l’implantation d’un tabac engendre « des nuisances importantes à ses abords : regroupement de personnes, stationnement sauvage, nuisances sonores, odeur de tabac, etc. »
Les copropriétaires ont écrit à la mairie et au bailleur CDC Habitat pour faire part de leurs inquiétudes. « On se demande pourquoi la municipalité ne pousse pas pour avoir un autre commerce plus qualitatif à la place, se questionnent-ils. Or, on a découvert que c’était un conseiller municipal qui portait ce projet de bureau de tabac. »
•• Il s’agit en fait de Johnny Labrousse, conseiller municipal délégué aux commerces et aux marchés forains. En avril 2023, ce dernier a demandé à « être déporté des affaires susceptibles de créer un conflit d’intérêts entre son activité professionnelle et ses fonctions de conseiller municipal délégué aux commerces et aux marchés forains ».
Le 19 juin, la ville a donc pris un arrêté précisant qu’il était déporté des actes relatifs « aux commerces situés sur le périmètre de la zone d’aménagement concerté Écocité-canal de l’Ourcq ». « Cet élu, notoirement connu pour être buraliste, souhaite transférer son activité dans le secteur, c’est pour cela qu’il y a eu cet arrêté de déport. Mais ce tabac n’en est qu’au stade de projet », confirme la mairie.
•• La municipalité insiste sur le fait qu’elle n’est pas décisionnaire dans ce dossier, les locaux étant des locaux privés. CDC Habitat précise de son côté que la vente du local commercial est « en cours » et qu’il sera cédé « à l’offre la plus compétitive ».
« Le problème de ce secteur excentré, c’est qu’il est difficile d’y installer des commerces fiables économiquement », rappelle la ville. « Un bureau de tabac pourrait justement amener du passage pour les autres cellules commerciales. Il ne faut pas tout le temps tomber dans la caricature. Ces commerces ne sont pas tous synonymes de zones de non-droit » précise encore la municipalité.