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20 Mar 2024 | Pression normative
 

Après deux ans de mobilisation, le nombre de résidus de cigarettes au sol a nettement diminué mais, dans cette commune touristique, il faut sans cesse sensibiliser les nouveaux arrivants. C’est ainsi que débute un article de L’Opinion (du 15 mars) , signé Cécile Desjardins, que nous reprenons.

« Ici commence la rivière. Ne rien jeter ». L’inscription est gravée dans le bronze, à travers tout Megève. Ce qui est visé au premier chef ? Les mégots, contre lesquels la municipalité est partie en croisade début 2022. « Le mégot est le plus petit des déchets, mais on le trouve partout et on le voit beaucoup. Nous étions confrontés à des amoncellements à côté de certaines boutiques, devant des lieux festifs, ou dans les regards des grilles deaux pluviales … », déplore Jean-Pierre Chatellard, adjoint au maire en charge de l’Environnement.

•• Pour se débarrasser du fléau, la ville a trouvé un allié de taille : Alcome, léco-organisme spécialisé dans la réduction des mégots dans lespace public.

Créé en août 2021, Alcome était en quête de communes « pilotes » pour identifier les meilleures pratiques, avant de les promouvoir sur l’ensemble du territoire. « Quelque 7,7 milliards de mégots sont jetés au sol, chaque année, en France : nous avons pour objectif de réduire ce volume de 40 % à lhorizon 2026 », explique Marie-Noëlle Duval, la directrice générale dAlcome.

Premier axe de travail, la communication. Affiches, films, slogan « À Megève, les mégots, cest dans la poche », etc. » La pédagogie est essentielle. Il faut faire comprendre l’importance des bons gestes », souligne Jean-Pierre Chatellard. Le message tourne en boucle : au pied des remontées mécaniques, à l’entrée de la piscine, à l’achat des forfaits de ski … Pédagogie et sensibilisation, également, auprès des socioprofessionnels, et notamment auprès des buralistes de la station : ils se sont vus proposer des affiches, mais aussi des « cendriers de poches » à offrir à leurs clients.

•• Au total, grâce à Alcome, plus de 20 000 petites boîtes en métal ont été distribuées dans la commune ces deux dernières années. Le centre-ville, lui, a été équipé de cendriers type « cylindre », rattachés au mobilier urbain, et de compartiments spécifiques dans les corbeilles intelligentes dont la ville s’est récemment équipée.

Si le recours à des méthodes répressives nest pas exclu, la verbalisation est difficile à mettre en œuvre, reconnaissent Bruno Louis, chef de service à la police municipale, et Céline Boro, membre de la nouvelle « brigade de lenvironnement », qui compte deux agents. « Le jet d’un mégot, c’est une amende de 135 euros, mais il est quasi impossible de prendre quelqu’un sur le fait. »

•• Près de deux ans après le lancement du projet, le bilan est contrasté. Dans cette commune touristique, le chantier apparaît sans fin. « Non seulement les gens oublient vite et les mauvais gestes reviennent, mais, avec une population qui passe de 3 000 habitants en basse saison à       30 000 ou 40 000 au pic, entre Noël et Pâques, il faut agir sur les « nouveaux », qui arrivent chaque samedi. On ne peut pas régler le problème dun coup de baguette magique : il faut encore et toujours se renouveler et retravailler pour stigmatiser le geste du jet de mégot ... », explique Jean-Pierre Chatellard, qui estime avoir gravi environ un tiers de sa montagne.

Et, de fait, il y a de bonnes nouvelles. « Les agents qui ramassent les mégots — à la pince — ont constaté une baisse des volumes, se satisfait Franck Laugier, responsable du centre technique de la ville. Et nos efforts ont certainement joué leur part dans lobtention, fin 2023, de la « Fleur dor », récompense ultime des Villes fleuries ».

La clef du succès ? « Cest la mobilisation de tous les acteurs : il faut une impulsion des politiques, mais aussi lengagement des équipes techniques, de communication, des buralistes, commerçants, etc. » estime Marie-Noëlle Vidal.