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29 Août 2018 | Profession
 

L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel d’été du monde de la tabaculture.

L’un des deux grands groupes internationaux de transformation de feuilles de tabac, Alliance One, a scellé un accord portant sur le marché de la chicha avec France Tabac (voir Lmdt du 13 août).

•• Nous revenons sur cet événement car il témoigne de la montée en puissance, quantitative et qualitative, des feuilles de tabac « jaune » ou « Virginie » allemandes, polonaises – et plus particulièrement françaises – sur le marché mondial, toujours en pleine croissance, de la chicha.

C’est aussi le moyen de reconstituer, de façon inespérée, le plan de charge de l’usine France Tabac de Sarlat où certains en étaient venus à penser, au printemps, que l’on allait entamer, cette année, une ultime campagne de transformation de la récolte tabac.

Et cela va redonner du baume au cœur à un certain nombre de tabaculteurs, passionnés par une plantation aussi exigeante que noble mais progressivement refroidis par la fragilité des débouchés se présentant à eux.

•• L’accord annoncé repose sur un partenariat pluriannuel.

 L’usine de Sarlat va traiter, à façon, du tabac Virginie allemand et polonais, opéré jusqu’à maintenant dans l’usine de Karlsruhe appartenant à la filiale allemande de Alliance One (Alliance One Rotag). Or cette usine a été fermée cet été.

 Cet apport va représenter, dès cette année, entre 3 500 et 4 000 tonnes de tabac. Lesquels vont s’ajouter aux 5 600 tonnes de tabacs français Virginie et Burley programmées sur Sarlat.

 France Tabac va voir ses contacts actuels sur le marché mondial de la chicha (friand de la qualité du tabac Virginie français) s’amplifier. Grâce à l’entregent commercial d’Alliance One implanté depuis longtemps dans le domaine.

 Par ailleurs, France Tabac garde son autonomie sur les marchés de tabacs Virginie et Burley. « Mais Alliance One, de par son positionnement sur l’échiquier mondial, sera en mesure de donner un coup de pouce sur l’écoulement de ces tabacs » estime Francois Vedel (directeur de la Fédération nationale des Producteurs de Tabac de France).

•• Tout est allé très vite et le rapprochement s’est opéré dans la plus grande discrétion lors du second trimestre.

Il faut y voir le sens de l’anticipation du planteur alsacien, Rémy Losser (photo), et du conseil d’administration de la Fédération nationale des Producteurs de Tabac qu’il préside : l’opportunité de la fermeture de l’usine allemande était à saisir ; elle a été saisie.

•• Alors que la ténacité du directeur de l’usine de Sarlat, Éric Tabanou, et de son équipe aura été précieuse : trois plans sociaux successifs ces dernières années ; un effectif réduit à 35 salariés permanents ; des relations compliquées avec les banques (même le Crédit agricole se montre mitigé sur la culture du tabac) … mais un savoir-faire et un outil industriel capable de transformer 10 000 tonnes de tabac brut dès cette année, dans les meilleures conditions de production automatisée ainsi que de suivis qualité et traçabilité. Ce redémarrage du plan de charge et le maintien de l’emploi sur le site vont d’ailleurs intéresser les élus politiques locaux.

•• Enfin, bonne nouvelle pour les tabaculteurs et leurs coopératives : l’avenir de l’usine de Sarlat est sécurisé ; leur rémunération va être impactée par une diminution des charges fixes sur les coûts de transformation ; et de nettes perspectives commerciales se dessinent pour le tabac jaune Virginie, destiné à la chicha.

Un nouvel élan pour la filière tabacole française.