Les colas français rêvent toujours de faire un peu d’ombre à Coca et Pepsi. Le marché a, il est vrai, de quoi faire saliver, puisque les colas pèsent 1 milliard d’euros à eux seuls, soit 40 % de celui des sodas.
Et jusqu’à présent la concurrence s’est surtout incarnée dans des offres jouant sur la fibre régionale. Une enquête des Échos.
•• Breizh Cola est le seul acteur ayant aujourd’hui une présence significative face aux poids lourds. « Chaque année, nous embouteillons 14,5 millions de litres de Breizh Cola », indique Marc Roubaud, le directeur général de la branche boissons du groupe Agrial, qui vient de reprendre la marque bretonne.
Avec une équipe d’une cinquantaine de personnes, Breizh Cola et la bière Lancelot – également rachetée par Agrial – génèrent un chiffre d’affaires annuel de 24 millions d’euros.
Le cola breton est principalement proposé dans les grandes et moyennes surfaces alimentaires de Bretagne et, dans une moindre mesure, dans les cafés, hôtels et restaurants de cette région où il peut représenter jusqu’à 20 % de leurs ventes.
•• Sur la trentaine de colas régionaux recensés, plusieurs marques ont disparu comme le Poitou Cola et une quinzaine sont encore réellement commercialisés. « En fait », estime le blogueur Olivier Dauvers, spécialiste de la distribution, « à ces boissons est liée une revendication, une appartenance, une résistance à la consommation de masse. »
•• Alexandre Rizzotto, qui dirige Safa Distribution (Issoudun), a racheté il y a six mois le Berry Cola à une brasserie locale qui écoulait entre 30 000 et 50 000 bouteilles par an. Le nouveau propriétaire entend doubler rapidement les volumes en misant sur la proximité.
Son soda est produit chez un limonadier local. Il vient d’être référencé auprès du grossiste Schoen Distribution, qui va l’aider à se développer dans les CHR – cafés, hôtels et restaurants.
•• C’est aussi à ce marché ultradominé par Coca-Cola que s’attaque le groupe Ogeu, spécialiste des eaux minérales régionales, en lançant son Coq Cola. L’entreprise s’y était déjà essayée avec une approche régionale et sous la marque Sowest, qui a été arrêtée faute d’intérêt des consommateurs.
Avec Coq Cola, l’ambition est d’être présent sur tout le territoire. Cette toute jeune marque a été rachetée par le groupe des Pyrénées-Atlantiques en fin d’année dernière à une jeune entreprise landaise, Truc de Fou, qui s’était d’abord fait connaître avec une boisson énergisante.
Le packaging qui montrait un gallinacé stylisé à tête rouge sur un fond bleu et blanc a été revu, mais l’idée reste la même. « Avec Coq Cola, nous jouons évidemment à fond la carte du produit français tout en faisant aussi un clin d’œil au numéro un du marché avec sa bouteille rouge », explique Mathieu Lignac, le directeur du développement commercial du groupe Ogeu.
Le prix sera aligné sur les produits concurrents avec un goût qui lui sera propre. Avec son Coq Cola, l’entreprise béarnaise compte jouer son atout maître, celui d’« origine France garantie » puisque la boisson sera produite à partir d’eau minérale.
« C’est un élément de valeur ajoutée intéressant en termes de naturalité qui constitue une des tendances du moment et une vraie différence positive par rapport à Coca-Cola et ses autres copies régionales », analyse Xavier Terlet, codirigeant du cabinet de conseil ProtéinesXTC.