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26 Juil 2015 | Observatoire
 

Patrick Lagarde Brink'sAlors que le sujet des modes de paiement (leur disponibilité, leur sécurité et leurs coûts) est à l’origine de bien des débats chez les buralistes, une tribune de Patrick Lagarde (PDG de Brink’s France) – parue dans Les Échos de ce vendredi 24 juillet – donne matière à réflexion. Nous en reproduisons de larges extraits.

• « À l’heure où l’Internet et l’économie collaborative ont remis au goût du jour le principe de troc de marchandises et de services, l’aspect physique de l’argent n’a plus la cote et les espèces sont tenues responsables de bien des maux.
Argent liquide
« Loin de rejeter la dématérialisation, il convient de ne pas sombrer dans le sectarisme de la « cashless society » que l’on tente d’imposer aux Français.
« Le constat est simple : les Français plébiscitent l’argent liquide. 86 % d’entre eux ne souhaitent pas que le cash disparaisse aux profits d’autres modes de paiement.
« Pourtant, la France est en queue de peloton des pays européens pour l’utilisation du cash (moins de 15 %). Pourquoi alors chercher à limiter encore l’usage des espèces auxquelles ils sont tant attachés ? 

• « La lutte contre le terrorisme ne justifie pas la limitation des paiements en liquide. Le terrorisme passe déjà outre toutes les règles établies dans notre société. Pourquoi ériger des obstacles dont on sait qu’ils n’arrêteront en rien la marche des criminels ?
« Quant à la fraude fiscale, de nombreux pays européens, comme l’Allemagne, l’Autriche ou l’Islande, n’ont pas fixé de limites aux moyens de paiement en espèces et ont choisi de renforcer leur système répressif, en accroissant les moyens humains de leurs magistrats et de leurs services de police (…)

• « La justification de cet acharnement prend en réalité racine dans la volonté des acteurs des nouveaux moyens de paiement de se développer coûte que coûte, quitte à passer outre les préférences des Français. Pourquoi le gouvernement appuie-t-il cette démarche ? (…)

• « À la tête d’une entreprise leader de la gestion des espèces en France, il ne fait aucun doute pour moi que le cash a encore un brillant avenir devant lui. C’est parce que le cash est archaïque que ce moyen de paiement est solide et pérenne. Contrairement à la monnaie scripturale ou numérique, la monnaie fiduciaire répond à la définition même d’un bien public. Accessible à tous, elle est perçue de manière distincte par chaque acteur de la chaîne de paiement et crée du lien social.
« Ce sont les espèces qui sont le poumon des commerces de proximité. Prés de 4 Français sur 10 changeraient de commerçant si celui-ci n’acceptait plus les espèces et 91 % préfèrent l’argent liquide pour leurs petits achats du quotidien. Lorsque le gouvernement parle d’encourager le paiement en carte bancaire ou le paiement sans contact pour les plus petites sommes, il s’attaque au modèle qui fait vivre nos commerces de petite taille et entretient l’exclusion sociale des moins favorisés qui n’auront jamais accès à ces moyens de paiement. Souvenons-nous de l’échec de Monéo et écoutons les consommateurs ! (…)

• « Pour que les espèces restent compétitives, les professionnels de la filière doivent repenser leurs offres et leurs solutions. Si nous avons récemment changé de « business model » et sommes devenus un établissement de paiement, c’est parce que nous nous devions d’avoir un temps d’avance sur les tendances transactionnelles. La modernisation des espèces est un marché. Si le cash demeure un bien matériel, notre métier est d’améliorer sa fluidité, sa sécurité et l’efficience de son usage ».