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26 Oct 2018 | Trafic
 

La situation du marché parallèle y étant arrivée à un point critique, les opérations se multiplient dans la capitale de la Catalogne française (voir Lmdt du 11 octobre). Cette fois-ci, il s’agit d’une opération combinée Douane-Police municipale.  

Ce mardi 23 octobre dans la soirée, des agents de la Douane, appuyés par une quinzaine de policiers municipaux, ont donc visé une douzaine d’établissements de nuit – épiceries, snacks, bars à chicha – implantés sur l’agglomération de Perpignan.

•• Il faut dire que plus de … 200 établissements du genre ont fleuri dans la ville. « En une seconde, des épiceries de nuit sortent de terre et ferment le lendemain et pour certaines rouvrent la semaine suivante sur le pas-de-porte d’en face » explique Chantal Bruzi, maire adjoint chargé à la sécurité, à La Dépêche du Midi (édition 25 octobre) « il suffit d’un kbis délivré par le tribunal de commerce ».

Et elles sont nombreuses à être dans le viseur des forces de l’ordre, soupçonnés de cacher de véritables organisations frauduleuses : contrebande de tabac et deal de drogue.

•• Retour sur cette nuit du 23 octobre … détaillée dans La Dépêche. Et cette visite-express de la ville est proprement hallucinante.

• 22 h 30. Une cliente sort d’une épicerie de nuit de l’avenue Joffre (grande artère du nord de Perpignan) avec son demi-litre de lait sous le bras et un paquet de Philip Morris de contrebande, payé 5 euros.

Le jeune gérant nie un instant puis se livre. Il vient de racheter sa boutique avec … une planque à tabac toute faite que les douaniers viennent de débusquer sous le tiroir-caisse. « J’ai repris l’affaire avec le filon. C’est comme ça. Vous savez comment ça marche, chef ! Je me suis fait prendre, c’est le jeu », concède le commerçant qui (autrefois) avait réussi … l’écrit du concours de la Douane et s’était loupé à l’oral.

Son stock frauduleux, les agents le savent, n’est pas très loin. Un « bip » sur le trousseau de clés de l’intéressé et un fourgon s’allume dans une rue adjacente, où les agents retrouvent sans mal une dizaine de cartouches et une vingtaine d’emballages de produits déjà écoulés. Le tout entassé dans des sacs de courses – aux couleurs de la principauté d’Andorre – et enrubannés de scotch. 

• Arrêt rue de la Fusterie (dans le cœur historique) pour notifier une nouvelle fermeture administrative à un gérant de fast-food, fort mécontent.

Puis, les douaniers et policiers poussent jusqu’à la place Hyacinthe-Rigaud, prise d’assaut en une seconde par des agents en armes et gilets pare-balles.

Là, un snack affiche « fermé pour travaux ». En réalité, le gérant a été obligé de tirer le rideau pour trois mois et de s’acquitter d’une amende salée. Pourtant, il a ouvert une autre enseigne similaire de l’autre côté de la rue (…)

En fait, les cigarettes de contrebande peuvent se cacher partout. Les forces de l’ordre en ont déjà trouvé dans les endroits les plus improbables : dans des imprimantes, des congélateurs, dans les conditionnements de packs de bière où les revendeurs dissimulent très exactement 6 cartouches de cigarettes… Lors d’une récente sortie, ils ont mis la main sur 100 cartouches et 5 000 euros en liquide dans un seul établissement. Ce soir, dans cette boutique-là, il n’y a rien de particulier à relever.

• Direction le boulevard Briand où un employé non déclaré est intercepté alors qu’il s’enfuit par une porte dérobée, avec l’intention de cacher quelques cartouches.

• Passage rue Testory, à une adresse connue où le gérant d’ une épicerie a déjà été écroué pour contrebande de tabac. L’entreprise poursuit néanmoins son activité, rachetée par une jeune femme pour un modique euro. Rien à signaler ici, non plus.

• Petit tour dans deux bars à chicha sur les avenues Brutus et De Gaulle, puis les effectifs se rejoignent pour leur dernière descente avenue Dalbiez, pas loin de l’Université. Un snack, épinglé à de multiples reprises, en a aussi pris pour 90 jours d’arrêt forcé.

« Mais l’activité continue. Tous les jours, il y a des jeunes avec un sac, postés devant l’établissement, qui font le guet, ou continuent de revendre les cigarettes », soupirent de concert douaniers et policiers qui s’engouffrent dans une rue voisine et s’arrêtent à hauteur d’un véhicule au pneu crevé. À l’intérieur, des cartons de Lucky Strike et des restes de cartouches éventrées.

Ce soir, un adolescent de 16 ans fait le planton devant la porte close. Il attend un ami, dit-il d’un air bravache, sans convaincre personne. Il n’a pas de cigarettes sur lui. Sans doute les paquets attendent-ils dans une voiture-nourrice à deux pas de là. Peut-être n’a-t-il été recruté que pour ouvrir l’œil. À 200 euros la journée.

•• Cela se passe comme cela, le soir dans le centre de Perpignan, ville ouverte à tous les trafics.