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21 Juil 2019 | International
 

L’un des derniers courriers signés par Michael Møller – avant de quitter son poste de Directeur général de l’ONU, à Genève – est en train de soulever un tollé dans les couloirs de l’OMS et parmi les associations de lutte antitabac. C’est ce que nous rapporte, du moins, La Tribune de Genève du 19 juillet.

•• Le 28 juin dernier, le Danois a écrit au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour lui faire remarquer que les dispositions visant à tenir l’industrie du tabac à l’écart du système des Nations Unies étaient contraires … aux principes qui président à la mise en œuvre des « Objectifs du Développement durable 2030 (ODD) ».

Lesquels prévoient d’associer ONG, société civile, monde économique et industriels aux processus de concertation onusiens.

•• Dans son courrier, Michael Møller défend une approche « plus nuancée » que celle de la Convention-cadre de l’OMS pour la Lutte antitabac (CCLAT) qui impose « d’exclure totalement l’industrie du tabac de tout contact avec le système des Nations Unies ».

« Les entreprises sont légitimes pour participer aux discussions concernant les efforts communs visant à minimiser les risques pour la santé (…) » soutient-il, « cela est particulièrement vrai pour celles qui font des efforts de recherche très avancés pour minimiser les effets néfastes de leurs propres produits ».

•• L’argument avancé par le Danois a fait bondir les associations antitabac.

« Alors qu’elles constituent la cause essentielle de l’épidémie tabagique dans le monde, les compagnies de tabac ont toujours rêvé de faire partie de la solution, pour mieux en contrôler les dispositions qui pourraient nuire à leurs intérêts. Il semble que l’ancien DG de l’ONU ait été séduit par le nouveau discours des industriels du tabac et qu’il soit naïvement tombé dans un piège », déplore Pascal Diethelm, président d’OxySuisse.

•• « Il est alarmant qu’un responsable sortant de l’ONU, ayant le statut de M. Møller, suggère que l’on devrait adoucir la position de la communauté mondiale à l’égard d’une industrie dont les produits créent une dépendance, tuent 8 millions de personnes chaque année et coûtent jusqu’à 2% du PIB mondial annuel », dénonce également Laurent Huber, directeur exécutif d’Action on Smoking and Health.

•• Ayant achevé son mandat, Michael Møller n’a pas souhaité répondre directement.

C’est le service de presse de l’ONU à Genève qui l’a fait, à sa demande, en précisant que la note à l’origine de la controverse avait « été rédigée uniquement pour nourrir la réflexion sur la réalisation des Objectifs de Développement durable d’ici à 2030 » et « qu’elle n’avait pas pour autant l’objectif d’excuser les pratiques ou les conséquences de l’industrie du tabac ou d’autres ».

Pour David Chikvaidze, chef de cabinet de l’ancien directeur de l’ONU à Genève, il n’y a pas matière à polémique : « la note est parfaitement explicite et ne plaide pas en faveur du tabac » affirme-t-il.