Sept ans après leur ouverture (voir 27 avril 2018 et 1er janvier 2019), les clubs de jeux parisiens vont sans doute devoir baisser le rideau le 31 décembre prochain … sans que personne ne l’ait décidé. En cause : la dissolution de l’Assemblée nationale voulue par Emmanuel Macron, puis la censure du gouvernement de Michel Barnier.
« Comme pour les crashs d’avion, c’est une conjonction de facteurs exceptionnels » résume, dans Les Échos, Sébastien Tranchant, président du Paris Élysées Club. Autorisés par une loi de 2017, les clubs de jeux évoluent en effet sous le régime de l’expérimentation.
•• Celui-ci avait été décidé pour une période de trois ans, puis avait été prolongé lors de la crise sanitaire, jusqu’en décembre 2024. Cette année devait être celle de leur pérennisation, l’ensemble des parties prenantes (opérateurs, ministère de l’Intérieur) s’accordant sur la réussite de cette activité strictement encadrée (voir 3 novembre 2024).
Avant l’été, un véhicule législatif était ainsi en préparation. Mais la dissolution et la crise politique qui s’en est ensuivie l’ont remis au placard. Une fois nommé, le nouveau gouvernement avait, dans l’urgence, décidé d’une prorogation d’un an de l’expérimentation et l’avait inscrite dans le projet de Budget 2025 … qui ne sera finalement pas adopté avant la fin de l’année.
•• À partir du 1er janvier, l’expérimentation des clubs de jeux s’arrêtera donc, et ces derniers auront interdiction d’exercer leur activité.
Convoqués ce 9 décembre par le Service central des Courses et Jeux, dépendant du ministère de l’Intérieur, les exploitants des clubs ont appris la mauvaise nouvelle : « on nous a confirmé qu’aucun cadre juridique ne permettait de rester ouvert » soupire l’un d’entre eux, « en 21 jours, il est strictement impossible de faire une nouvelle loi. Et le cadre de la loi spéciale, qui permet à l’État de fonctionner, est trop restreint pour intégrer cette mesure. »
Quant à une possible loi « fourre-tout », qui mêlerait des mesures sans rapport les unes avec les autres, « c’est hautement improbable, et de toute façon, entre la décision en haut de l’État et son application, il s’écoulerait plusieurs mois », poursuit ce dirigeant. Face à cette situation, les patrons de clubs s’apprêtent donc à fermer leurs portes, et beaucoup l’ont annoncé à leurs salariés. Au total, le secteur emploie 1 500 personnes.
En l’absence de visibilité, certains s’attendent au pire, notamment les indépendants. « C’est impensable de laisser 230 familles sur le carreau en l’annonçant deux semaines avant », déplore Gregory Benac, qui dirige le club Pierre Charron. Le dirigeant va tout de même consacrer ses prochaines semaines à « trouver une solution qui aille dans le sens d’une poursuite de l’activité ». En attendant, le syndicat Casinos de France a écrit à Emmanuel Macron pour l’alerter sur la situation, conséquence « de la situation politique actuelle », selon Les Échos.




