Chef des unités Police Secours, le Commandant de Nîmes est responsable des contrôles des épiceries à Nîmes. Face au phénomène grandissant de la vente de produits illégaux dans ces épiceries (à commencer par le tabac …), les contrôles augmentent et les saisies aussi (voir 2 et 28 octobre, 8 septembre). Il s’en explique dans Objectif Gard.
•• Pourquoi les contrôles des épiceries ont augmenté ?
On s’y penche un peu plus qu’avant car ces épiceries fleurissent de partout. Il y a beaucoup de doléances des riverains car elles créent pas mal de troubles avec des ouvertures tardives. Les gens en ont marre. Ces épiceries se sont multipliées. Parfois sur une même rue, vous en avez quatre ou cinq d’affilée. C’est souvent localisé sur des axes : Faïta, route de Beaucaire, Gambetta et République. Avant, il n’y en avait pas autant. On faisait déjà des contrôles, on a accentué davantage depuis un ou deux ans. Il y a du résultat derrière, à chaque contrôle c’est jackpot !
•• Que contrôlez-vous et à quelle fréquence ?
En moyenne, on contrôle une à quatre épiceries par semaine, ça dépend. Soit c’est une initiative en passant, soit il s’agit d’opérations spécifiques avec plusieurs contrôles sur un quartier. Parfois, on associe les Douanes et l’Urssaf. On contrôle tous les papiers administratifs et les licences car certains vendent de l’alcool. Il y a aussi tous les affichages à respecter. Si ce n’est pas conforme, on verbalise directement.
On constate aussi des ventes de cigarettes. Mais aussi du tabac à chicha et du tabac à chiquer (…) On trouve aussi du Kamagra, un stimulant sexuel dérivé du viagra interdit en France et parfois du protoxyde d’azote mais la loi est un peu floue. La dernière fois, on a saisi une trentaine de bouteilles vendues avec le système complet : le ballon plus un petit extracteur. Il y a une panoplie assez variée d’infractions que l’on peut relever.
•• Quel bilan faites-vous de ces contrôles ?
Environ 75 % des épiceries que l’on fait sont en infraction ! Que ce soit pour les affichages, la vente de tabac ou la vente d’alcool. Elles sont parfois tenues par des gérants qui ne connaissent même pas la législation. Et puis ils savent que ce n’est pas en vendant trois paquets de chips qu’ils vont faire de l’argent. Alors, ils vendent des cigarettes qui viennent souvent de l’étranger. Il y a un manque à gagner pour les débits de tabac. Un paquet qui vaut 10 euros, à l’épicerie il est vendu 5,60 euros.
•• Jusqu’où peuvent aller les sanctions ?
On a eu plusieurs fermetures temporaires administratives entre un et trois mois. Sur des opérations qui ciblaient celles qui causaient le plus de nuisances, sur une dizaine, neuf ont fermé. Donc on ne s’arrête pas. Parfois on fait une épicerie le lundi, on saisit des cigarettes et le mercredi on revient et on saisit à nouveau. Ça ne dissuade pas tout de suite, certains continuent à vendre. Le délai pour faire fermer n’est pas immédiat (…)
•• Sachant qu’ils sont plus surveillés, les épiciers font-ils usage de stratagème pour cacher ces marchandises ?
Avant, ils laissaient derrière leurs comptoirs des sacs entiers avec des cigarettes, maintenant à force de les contrôler, ils font plus attention. Récemment, lors d’une descente rue de la République dans une épicerie qui a déjà fermé, on a trouvé dans la remise une étagère murale en bois qui cachait un trou. Dans la cloison, on a découvert 850 paquets de cigarettes plus du Kamagra. Certains commencent à cacher. On a aussi retrouvé des cigarettes dans des packs de bière. Cela nous complique un peu la tâche mais on arrive quand même à les trouver. Photo : DDSP 30