Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
8 Juil 2018 | Observatoire
 

Spécialisée dans la collecte et le recyclage des mégots, MéGo ! a investi jusqu’à maintenant 250 000 euros et compte plus de 300 clients (essentiellement des entreprises : McDonald’s, Orange, Veolia, Thales, Ikea …) mais aussi une vingtaine de villes (voir Lmdt des 7 juin et 11 janvier). 

Dans le JDD.fr du 6 juillet, la jeune entreprise, implantée dans le Finistère, livre quelques secrets sur son travail de dépollution ainsi que de recyclage et pose les jalons sur d’autres résidus du tabac. Extraits.

« Hors mobiliers, nous proposons des abonnements annuels de 300 à 800 euros pour la collecte et le traitement des mégots », explique Bastien Lucas, le fondateur et dirigeant.

L’usine brestoise a déjà traité 4 tonnes de mégots en 2017, soit 9,5 millions de filtres. « Nous espérons doubler ce chiffre en 2018 et avoir une activité rentable d’ici à 2020 », poursuit Bastien Lucas, l’unité de production ayant une capacité de … 350 tonnes par an.

L’enjeu mégots

Un filtre à cigarette a beau être petit et léger … il renferme près de 4 000 substances chimiques, dont une cinquantaine réellement toxique : nicotine, goudron, phénols, ammoniaque, métaux lourds … Un seul mégot peut contaminer 500 litres d’eau. Une étude commandée par le ministère de l’Environnement les classe d’ailleurs comme des « déchets dangereux ».

Dans son usine MéGo ! multiplie les précautions : système de filtration d’air ; combinaison intégrale, gants spéciaux et masques pour les deux salariés afin d’éviter tout contact avec l’air ambiant.

Première étape : le tri 

« Il faut éliminer les touillettes à café, les noyaux de cerises et les chewing-gums jetés aussi dans les cendriers » décrit Guillaume André, responsable du site d’exploitation. « Puis nous broyons grossièrement les mégots, nous les tamisons, pour séparer les résidus de tabac, papier et cendre des filtres. » Ce sont ces derniers, composés d’acétate de cellulose, un polymère plastique, qui sont véritablement recyclés.

Deuxième étape : la dépollution.

Les filtres sont lavés dans quatre bains successifs, en circuit fermé. L’eau est décontaminée grâce à un système de billes qui captent les substances nocives et les transforment en boue. Avec cette méthode (le brevet a été déposé en mai 2017), MéGo ! élimine, selon son directeur, entre 80 et 100 % des substances chimiques. « En fin de cycle, l’eau est chauffée et analysée par chromatographie gazeuse », témoigne Guillaume André, « Les concentrations de particules nocives sont 300 à 2 100 fois inférieures aux normes minimales autorisées. »

Place enfin au recyclage 

Les filtres sont séchés, à nouveau broyés, puis thermocompressés, ce qui donne des plaques de plastique marron parsemées de marbrures. Avec elles, l’entreprise fabrique toutes sortes d’objets : horloges, porte-crayons, règles … Dernière création : des bancs assis-debout, actuellement en cours de certification pour la résistance à l’eau et aux UV

L’avenir ? L’équipe songe à recycler les résidus de tabac, papier et cendres.

« À l’étranger, certains en font du compost », indique le dirigeant. Et aussi à traiter les boues issues de la dépollution : « elles sont actuellement incinérées comme des déchets médicaux », explique le chef d’exploitation, « mais nous réfléchissons à d’autres méthodes, comme par exemple un champignon qui pourrait les décomposer ».