Il est vrai que le bilan 2015 des saisies de tabac de contrebande, présenté jeudi dernier, nous offre un record historique (voir Lmdt des 17 et 18 mars) : 629,5 tonnes.
Soit + 48 % par rapport à 2014 (423 tonnes). Et + 31 %, + 41 % et + 26 %, respectivement, par rapport à 2013, 2012 et 2011.
De fait, un vrai bond en avant. Mais en même temps, ces près de 630 tonnes ne correspondent qu’à trois jours de livraison nationale pour Logista. Et, surtout, cela ne revient à guère plus de 4 % des 15 000 tonnes de tabac qui composent le marché parallèle (tout ce qui provient d’en dehors du réseau officiel dont la contrebande) ; ce marché parallèle qui est évalué à un quart de la consommation (voir Lmdt du 28 mai 2015).
Surprise : en septembre dernier, le secrétaire d’État chargé du Budget, Christian Eckert, annonçait dans un communiqué qu’au « seul premier semestre 2015, ce ne sont pas moins de 507 tonnes qui ont été saisies » (voir Lmdt du 2 septembre 2015).
Ce qui amène à penser que le second semestre n’aurait vu la saisie que de 122,5 tonnes ? Un peu surprenant.
Et puis, on aurait bien voulu en savoir plus, dans cette présentation, sur la composition exacte de ces saisies : la part de tabac trouvé dans les ports du trafic trans-Manche ? ; la proportion des saisies réalisées à l’étranger sur renseignements de la douane française ? ; la quantité de tabac à chicha ? ; une répartition par vecteurs (aérien, routier, ferroviaire, etc.) ? Et même une évaluation des trafics sur Internet dont le développement supposé ne lasse d’inquiéter.
Ce sont des questions que peut se poser n’importe quel citoyen. Au même titre que les professionnels du tabac.
Enfin, pas de trafics sans trafiquants. Il aurait été instructif de connaître le nombre et le profil de personnes poursuivies, suite aux enquêtes de la Douane. Comme vient de le faire dans son bilan son homologue britannique (voir Lmdt du 9 mars 2016).