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2 Juil 2018 | Pression normative
 

La pancarte blanche et verte est discrète mais le message est clair : les grands parcs de Strasbourg deviennent des « parcs sans tabac », une nouvelle interdiction qui passe plutôt bien chez les promeneurs, d’après l’AFP dans une dépêche de ce dimanche 1er juillet (voir Lmdt des 26 et 25 juin). Reportage d’ambiance.

•• « Quand on se promène dans un parc, c’est qu’on recherche une certaine qualité de l’air, un environnement plus sain que ce qu’on trouve en ville, donc je trouve qu’on n’a pas besoin de se faire incommoder par la fumée de cigarette des autres », considère Solange, une habitante de Mulhouse qui se promène dans les allées du parc de l’Orangerie, le principal jardin de Strasbourg.

La mise en œuvre de la mesure votée lundi par le conseil municipal reste discrète. Seules quelques entrées de parcs sont déjà équipées de panneaux, les autres le seront progressivement au cours de l’été.

La capitale alsacienne a voulu montrer l’exemple, en devenant la première grande ville française à élargir à ses parcs et jardins publics l’interdiction, déjà existante au niveau national, de fumer dans les aires de jeux.

•• « C’est une bonne chose, c’est la prolongation normale de la première décision », estime Adeline, 35 ans, venue regarder les animaux du mini-zoo de l’Orangerie avec ses jumelles de trois ans et son fils de 5 ans. « Les enfants ont tendance à vouloir reproduire ce qu’on fait, donc si on peut essayer de ne pas leur montrer ça, c’est bien. C’est tellement compliqué d’arrêter » souligne cette ancienne fumeuse.

« Même à l’extérieur, cela dérange », affirme un couple âgé en train de profiter du soleil sur un banc.

•• Antoinette n’est pas d’accord. « On ne peut plus fumer nulle part ! », s’énerve-t-elle, tout en surveillant son petit garçon de deux ans. « C’est en plein air ! Les fumeurs, on se met déjà en retrait dès qu’il y a des enfants ou des non-fumeurs », considère la jeune femme.

En revanche, elle reconnaît, en montrant un mégot flottant dans une fontaine, que « c’est plutôt ça qui est gênant, c’est dégoûtant ».

•• Nathalie, architecte, joue à la pétanque avec deux amis dans le parc de la Citadelle. Dans son sac, un paquet de tabac à rouler. Pourtant, elle n’est « pas contre » cette interdiction de fumer dans les parcs. « Cela évitera les mégots, car je pense que le déchet est un vrai problème », explique-t-elle en montrant les bouts de cigarette écrasés. Mais « je regrette qu’il n’y ait pas plus de poubelles et de cendriers », insiste-t-elle.

Effectivement, les cendriers sont encore les grands absents des abords des parcs strasbourgeois.

•• Élaborée avec la Ligue contre le cancer, la mesure « parcs sans tabac » va être appliquée progressivement : d’abord aux six grands parcs de la ville, puis généralisée à tous les espaces verts publics.

« Nous devons protéger les enfants et la première démarche est la sensibilisation », insiste Gilbert Schneider, président du comité départemental de la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin.

Pas question de faire directement des remontrances. La municipalité compte d’abord faire preuve de pédagogie et de dialogue, avec le recrutement de « médiateurs santé-tabac » pour aller à la rencontre des fumeurs et faire passer le message en douceur, reprend l’AFP.

Si cela ne suffit pas, des amendes de 68 euros pourraient commencer à tomber en 2019. Jeter un mégot est déjà passible d’une telle amende.

•• Robert, 54 ans, est en train d’en griller une sur un banc de la Citadelle. Il en profite pour se lancer un défi : « je vais essayer d’arrêter de fumer ». Tout en admettant : « mais c’est pas évident ! ».