Épisode 53 de notre revue de presse des témoignages de buralistes à travers les régions (voir 9, 8 et 7 mai).
•• À Oloron (10 600 habitants, entre Pau et la frontière espagnole), une buraliste savait, bien sûr, que certains fumeurs de son territoire préféraient faire quelques allers-retours de l’autre côté de la frontière plutôt qu’acheter en France; mais elle était loin de se douter de l’ampleur du phénomène.
« Depuis le début du confinement, on peut aller jusqu’à six fois notre chiffre d’affaires hebdomadaire habituel. C’est énorme ! La première semaine du confinement, on pensait que les gens faisaient des stocks … Mais en réalité, on reste sur les mêmes chiffres, même un mois après » s’étonne-t-elle.
Les buralistes ont également découvert la persistance d’une concurrence transfrontalière féroce. « Il y a quelques semaines, une chaîne de ventas espagnoles proposait à sa clientèle d’apporter des cartouches de cigarettes en plus des courses alimentaires, avec livraison en France mais prix espagnol » raconte la buraliste oloronaise. Cette promotion a vite disparu (la Douane est rapidement intervenue / ndlr).
• Dans l’ensemble des Pyrénées-Atlantiques, les buralistes ont constaté une augmentation des ventes de tabac à hauteur de 47 %, en avril. « Cette évolution nous a demandé de faire preuve d’adaptation, avec quelques soucis d’approvisionnement observés au départ » explique Jérôme Récapet, le président des buralistes de Béarn et Soule, qui n’ignore rien des méthodes mises en place par les ventas espagnoles.
« C’est une sérieuse concurrence, qu’on essaie de juguler en restant régulièrement en contact avec la Douane » (La République des Pyrénées).
•• « En Haute-Garonne, on observe une augmentation de 25 % en volume de ventes pour le mois d’avril. Ça confirme la tendance que l’on a observée dès le mois de mars lors de la mise en place du confinement » explique Gérard Vidal (président de la fédération des buralistes d’Occitanie et vice-président de la Confédération).
« Il n’y a pas eu près de deux millions de Français supplémentaires qui se sont mis à fumer en deux semaines. Plus vous approchez des frontières, plus les ventes de tabac explosent, c’est logique » analyse Gérard Vidal.
« La politique de santé publique ne doit pas passer par le prix. On le dit depuis le début, et on en a la preuve aujourd’hui puisque les gens préfèrent payer plus cher que d’arrêter de fumer » poursuit l’ élu des buralistes qui réclame un moratoire sur le prix du tabac pendant au moins cinq ans, afin que celui-ci ne soit plus augmenté « tant que les pays voisins ne sont pas arrivés à notre niveau » (La Dépêche du Midi).