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C’est confirmé. Après la ruée, dès les prémices du premier confinement en mars dernier, les consommateurs réguliers de cannabis, au Canada, ont fréquenté assidument les magasins ou les sites de commandes en ligne (voir 20 mars 2020).

Le marché du cannabis récréatif, légalisé en octobre 2018 au Canada (voir 17 octobre 2018 et 18 novembre 2020) est l’un des rares secteurs de l’économie à avoir connu un coup d’accélérateur en pleine pandémie de Covid-19. Une enquête de la correspondante du Monde à Montréal l’explique.

•• La Société québécoise du cannabis – seule entreprise sous contrôle public à être habilitée à la vente légale dans cette province – a annoncé, pour le deuxième trimestre de l’année 2020, un record de ventes de 120 millions de dollars canadiens, contre 56,6 millions de dollars pour la même période l’année précédente.

À l’échelle de tout le Canada, les ventes ont été évaluées à 2,6 milliards de dollars canadiens (soit 1,6 milliard d’euros), contre 1,1 milliard de dollars l’année précédente, soit une augmentation de 118 %, selon une enquête menée par Statistique Canada.

•• Au Québec, ou encore en Alberta, à chaque fois qu’il s’est agi de fermer les magasins de vente de cannabis dans l’espoir de contrer les nouveaux assauts du virus, les autorités politiques ont préféré les consacrer « commerces essentiels », et donc de les laisser ouverts.

« La pandémie a surtout été une aubaine pour le commerce légal du cannabis », insiste David Soberman, professeur de marketing à l’université de Toronto. Le marché noir, qui constituait, selon lui, encore 80 % de la vente totale avant la pandémie, est apparu moins « sûr » aux consommateurs.

« La consommation légale de cannabis a sans aucun doute grignoté des parts du marché noir, d’autant que le prix de la marijuana légale s’est beaucoup rapproché de celui du cannabis illicite », poursuit-il. « Dans la mesure où les habitudes prises pendant la pandémie vont perdurer, c’est un formidable accélérateur de consolidation du marché au Canada » conclut-il.

•• Ce secteur qui craignait l’an dernier l’éclatement d’une bulle spéculative, née après l’engouement de la légalisation il y a deux ans, a profité de ce rebond de la consommation pour continuer à se structurer.

En décembre 2020, deux gros producteurs canadiens, Aphria et Tilray, ont annoncé leur fusion pour devenir la plus importante compagnie en termes de chiffre d’affaires (voir 31 décembre). L’action de Canopy Growth, géant du secteur implanté dans l’Ontario, après avoir connu les abysses en mars 2020 en cotant à 9,73 dollars, semblait en voie de stabilisation en fin d’année autour de 24 dollars.

•• Cette consolidation pour ce marché encore jeune pourrait aussi passer par de nouvelles opportunités de développement.

« L’interdit social qui pesait encore sur le cannabis s’estompe et permet peu à peu de nouveaux usages », explique Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire de recherche en sciences analytiques agroalimentaires de l’université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Ecosse).

« Beaucoup de Canadiens, par exemple, ont découvert pendant la pandémie le cannabis comestible (plus récemment légalisé) pour le cuisiner, en faire des muffins ou des tisanes » (voir 29 juin 2020).