Yves Gilli, patron d’un bar-tabac à Saint-Dalmas-Valdeblore (835 habitants, dans le Parc national du Mercantour), vient d’être décoré par la fédération des buralistes des Alpes-Maritimes. « Le patron de radio Balma », comme il se surnomme, est le plus ancien buraliste des Alpes-Maritimes : 68 ans au compteur dont 41 comme buraliste. Portrait dans Nice Matin.
« Je suis content d’être le plus ancien buraliste du département, comptabilise celui qui avoue ne jamais avoir fumé. 144 000 heures de buraliste à mon actif … »
•• « Il a su développer, maintenir et donner un avenir à son activité. Dans une profession aussi secouée que la nôtre, c’est presque un exploit », explique le président départemental Pierre Roméro (administrateur de la Confédération) qui a remis sa distinction à Yves Gilli.
Et d’ajouter : « le buraliste d’il y a quelques années n’est plus celui d’aujourd’hui ni de demain. Être buraliste, c’est vendre de moins en moins de tabac et de plus en plus d’autres choses. La profession s’adapte constamment. Ceux qui ne le comprennent pas disparaissent. On a perdu une trentaine de tabacs en 20 ans dans le département. 318 tabacs sont encore en activité. »
•• Installé dans une maison en pierre de deux étages, Yves Gilli habite avec sa femme Marie-Christine au premier niveau. Bar-tabac, snack-restaurant et cuisine se trouvent au rez-de-chaussée. Ce qui fait l’atout de son établissement, « c’est une grande terrasse de 300 mètres carrés en face de l’église avec de la pelouse et des pommiers », décrit-il.
« Le Balma » est ouvert toute l’année. « En 45 ans, on a pris un mois de vacances. Quatre fois une semaine », précise le buraliste.
Dans cette aventure, chacun a son rôle. Yves s’occupe du bar-tabac et des jeux, Marie-Christine de la cuisine du snack-restaurant et l’une de ses deux filles, Pauline, du service. « Les habitués viennent échanger des nouvelles du village. Ils y racontent les dernières plantations, la vie politique ou la fermeture des toilettes publiques. Ici, c’est radio Balma », relate Yves. Avant d’ajouter : « dans les villages, quand il n’y a plus de bar-tabac, c’est la mort du village. Ce sont des services de proximité. »
•• Alors … la baisse de 30 % qu’il subit dans son tabac, il y fait très attention et compense cette perte par la petite restauration. L’été, il met aussi à profit son métier originel de glacier. « Je fabrique mes glaces à base d’œufs de poule et pas de poudre », place-t-il avec un sourire goguenard.
Sa fille reprend l’affaire familiale au 1er janvier 2025. « Je suis très content. J’ai attendu pour passer le flambeau à l’une de mes deux filles. Car je ne voulais pas vendre. Je tiens à cet établissement qu’on se transmet de génération en génération », avoue Yves.
Pauline, 34 ans, quatrième génération, a quitté le Crédit Agricole pour rejoindre l’aventure familiale. « C’est une fierté de reprendre l’affaire. Mais ça me met une grosse pression de passer derrière mon père. Un homme travailleur, parfois un peu ronchon, mais toujours bienveillant et avec le mot juste pour chacun de ses clients. »
Pour les prochains mois et années, le futur buraliste retraité se fait une promesse : il restera présent pour sa fille. Et la remplacera « les jours où elle partira en vacances ».