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31 Oct 2018 | Institutions
 

« Le tabagisme des femmes stagne », a déploré la ministre de la Santé Agnès Buzyn, lors de la conférence de presse de lancement de la troisième édition du #MoisSansTabac, ce mardi 29 octobre.

La consommation de tabac recule en France avec un million de fumeurs en moins en 2017, sauf chez les femmes de 45 à 64 ans qui payent désormais un lourd tribut en termes de mortalité liée à la cigarette, selon les organisateurs de l’opération, repris dans une dépêche AFP.

•• Les femmes ont vraiment commencé à fumer dans les années 70 et c’est cette génération qui est aujourd’hui touchée de plein fouet par des maladies qu’on croyait quasi exclusivement « masculines » : cancer du poumon, infarctus du myocarde, bronchopneumopathie chronique obstructive. Selon l’agence Santé publique France, les femmes de 45 à 54 ans, comptent 30,8 % de fumeuses en 2017 (24 % pour les femmes en général) contre 21,5 % en 2000.

Or le nombre de décès attribuables au tabagisme a été multiplié par deux chez les femmes entre 2000 et 2014. La mortalité par cancer du poumon a augmenté de 71 % chez les femmes entre 2000 et 2014 alors qu’elle a diminué de 15 % chez les hommes. La hausse est particulièrement marquée chez les femmes de 55 à 64 ans.

« Nous allons voir très prochainement la mortalité par cancer du poumon passer devant celle du cancer du sein », avertit le Dr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.

•• « Les femmes ont souvent peur de grossir si elles arrêtent de fumer, alors que nous savons qu’avec un bon accompagnement, on peut tout à fait ne pas grossir, c’est tout l’intérêt d’un suivi comme celui de Tabac Info Service », a souligné Mme Buzyn.

Le site et le numéro d’appel (3989) du #MoisSansTabac ont été lancés cette année avec quelques jours d’avance, le 28 septembre, et plus de 195 000 fumeurs se sont déjà inscrits.

•• Les politiques de santé publique ne s’adressent pas encore spécifiquement aux femmes fumeuses, mais « l’année prochaine, la campagne contre l’alcool pendant la grossesse se doublera probablement d’une campagne contre le tabac » a indiqué François-Xavier Brouck, directeur des assurés à la Caisse nationale d’assurance maladie.

Car même enceintes, trop de femmes fument encore : 16% fument en fin de grossesse, soit un des taux les plus élevés d’Europe (entre 5 et 10 % en Angleterre et les pays du Nord). Sur les 30 % de femmes qui fumaient avant la grossesse en 2016, la moitié environ ont arrêté avant le 3e trimestre (45,8 %) et 45% avaient réduit leur consommation de tabac, mais sans arrêter complètement.

« Les femmes enceintes ont l’idée fausse qu’aucun traitement ne peut les aider, alors que des substituts nicotiniques peuvent leur être prescrits », a souligné la tabacologue Nadia Lahlou. « J’ai eu des femmes en pleurs parce qu’elles n’arrivaient pas à arrêter toutes seules, mais c’est normal de se faire aider », souligne la directrice scientifique de Tabac Info Service.

La grossesse est pour la moitié des fumeuses l’occasion de s’arrêter mais 82 % reprennent après l’accouchement : une « occasion manquée » qui milite en faveur d’un soutien particulier des femmes même après la grossesse, dans leur intérêt comme dans celui du bébé qui sera moins exposé au tabac.

•• Avec 12 millions de fumeurs et 200 décès par jour, « soit un crash d’avion » quotidien, le tabac reste une cause majeure de santé publique en France, a rappelé Agnès Buzyn, qui ambitionne de parvenir à « la première génération adulte non-fumeur d’ici 2032 ».