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11 Nov 2018 | Observatoire
 

En ce jour de commémoration, retours sur un temps et des usages révolus. Ainsi que des déclarations surprenantes.

« Si vous me demandez ce dont nous avons besoin pour gagner cette guerre ; je réponds, du tabac autant que des balles » (John Pershing, commandant du corps expéditionnaire américain, en 1917, à Washington).

•• Dès le début du conflit, les rations de tabac gratuit font partie du paquetage des poilus : en majorité du tabac gris à pipe : « le gros cul ». Il était fourni sous forme de paquets cubiques, fermés par une bande ou était imprimée une grosse lettre Q. Il y avait aussi le « perlot », un tabac assez grossier ; le plus sophistiqué étant le « fin ».

Dans « L’argot des poilus », publié en 1918, on retrouve la définition suivante : « dans la tranchée, le perlot est un grand magicien : il ouvre les portes du rêve ; il tue le cafard ; et dans les volutes de sa fumée, le poilu, évoquant le pays et les visages aimés, croit que la guerre est finie … »

•• Mais c’est aussi pendant ces quatre longues années terribles que s’est entamé le basculement progressif vers l’usage de la cigarette : plus rapide et plus discrète à consommer que la pipe dans les tranchées. Plus facile à conserver dans un environnement humide et hostile, aussi.

C’est, enfin, en cette époque de basculement général des comportements, que les femmes – restées à l’arrière et « promues » à des postes réservés aux hommes – notamment dans l’industrie, ont commencé à fumer dans une proportion qui n’a fait que s’agrandir.

•• Dans ce contexte de malheur, le tabac entre ainsi dans la conscience collective comme rituel d’évasion instantanée, moyen de détente immédiate et signe d’appartenance.   Cela a beaucoup plus contribué au développement du tabagisme ensuite, au long du 20ème siècle, que n’importe quel « marketing des fabricants ».

Depuis, les armées du monde entier ont développé l’usage de divers psychotropes, ingrédients nécessaires des folies guerrières.

Voir aussi Lmdt du 14 juillet 2015