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19 Oct 2022 | Vapotage
 

Succès commercial, mais bombe à retardement sanitaire et écologique, la puff, une cigarette électronique jetable qui cible les jeunes, au risque de faire tomber les mineurs dans l’addiction à la nicotine, sera au cœur du congrès annuel des buralistes lors de débats.

C’est ainsi que débute une dépêche AFP, signée Rébecca Frasquet, que nous reprenons.

Avec ses saveurs enfantines, sucrées ou fruitées (« marshmallow », « ice candy », « choco noisette » …),  ses emballages aux couleurs vives évoquant des friandises et son petit prix allant de 8 à 12 euros pour 500 bouffées, la puff, qui existe sous une vingtaine de marques, inquiète car elle cible les adolescents, alors que la cigarette électronique est interdite aux mineurs (voir 14 septembre et 30 mai).

•• « De plus en plus populaire sur les réseaux sociaux, elle a une image plutôt positive et inoffensive auprès des jeunes », alors qu’elle peut contenir jusqu’à 20 mg/ml de nicotine, substance addictive, et peut ainsi « être une porte d’entrée » vers la cigarette pour les adolescents, s’alarme l’Alliance contre le tabac.

Ainsi la firme EliquidAndCo qui distribue la Vape Pen French Puff « saveur tabac blond », ne se cache pas de faire découvrir à des jeunes « le goût et le geste de la cigarette » avec comme argument commercial : « vous aurez vraiment l’impression de fumer comme avec une cigarette de tabac », a souligné l’association 60 millions de consommateurs.

•• Les ventes de puff – aussi commercialisées sur internet ou dans des vapostores – représentent déjà, pour certains buralistes, la moitié de l’activité générée par la cigarette électronique : celle-ci leur amène 140 millions d’euros sur 3,6 milliards de chiffre d’affaires brut annuel.

La Confédération des buralistes, qui réunit ses adhérents pour son congrès annuel jeudi et vendredi à Paris, se réjouit du « dynamisme des ventes de ce nouveau produit », dit à l’AFP son président Philippe Coy. Mais elle déplore « le marketing fait autour de la puff, avec un ciblage bien déterminé sur une population jeune », souligne-t-il. « Cela nous met dans une situation très délicate : des influenceurs ont communiqué sur TikTok, cela a créé une demande que l’on doit refuser, ce qui est assez compliqué pour nous au quotidien », rapporte-t-il.

•• Au printemps, le ministère de la Santé avait adressé un signalement au Parquet, au vu de la « forte promotion » de la puff sur « des réseaux sociaux fréquentés majoritairement par des jeunes » (voir 18 mars).

Respecter l’interdiction de vente aux mineurs sur les quatre produits commercialisés par les buralistes, tabac, cigarette électronique, alcool et jeux d’argent, fait partie de « l’engagement » d’une profession qui pourrait aussi se voir confier « demain, de nouvelles gammes de produits dits sensibles », estime M. Coy. 

Les quelque 23 500 buralistes du territoire sont souvent épinglés sur le sujet : fin 2021, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) affirmait, après une enquête « clients mystères » avec des jeunes de 17 ans, que six sur dix enfreignaient l’interdiction de vente de tabac aux mineurs (voir ci-dessous).

La Confédération a « créé un groupe éthique pour remettre de l’ordre : c’est bien qu’on est face à une difficulté, on en est conscients … cela n’est pas très populaire (au sein du réseau, NDLR) mais c’est aujourd’hui le chemin que l’on prendra », dit M. Coy.

•• La puff pose aussi un problème environnemental : ce « produit plastique jetable, avec une batterie » au lithium, est un « déchet qu’on commence à retrouver sur les plages », rapporte Diane Beaumenay-Joannet, chargée de mission sur le plastique au sein de l’ONG Surfrider.

« Parce que c’est jetable et moins cher qu’un paquet de cigarettes, et parce que la cible est jeune, on en trouvera de plus en plus dans l’environnement », dit-elle, pointant du doigt « le manque de communication sur le fait qu’il faut la ramener dans une poubelle adaptée ».

Aller vers des « produits plus éco-conçus et plus durables », nécessiterait de réviser la Directive européenne sur les produits plastiques à usage unique, ce qui n’est « pas à l’ordre du jour », déplore Mme Beaumenay-Joannet, pour qui « la puff aura le temps d’inonder le marché et de produire beaucoup de nouveaux déchets ».