Décryptage du Figaro après l’interdiction des puffs, votée définitivement par le Sénat (voir 13, 14 et 16 février). Extraits.
Arrivées sur le marché français en 2021, elles ont très vite trouvé leur public. Ces produits fabriqués en Chine ont soudain pullulé aux caisses des solderies, chez les buralistes, sur internet et les réseaux sociaux, à renfort d’interventions d’influenceurs. Il n’existe aucun chiffrage officiel de l’ensemble du marché des puffs. Mais dans les bureaux de tabac, leurs ventes représentent près de la moitié du chiffre d’affaires issues du vapotage.
•• Les acteurs traditionnels du tabac, des industriels aux buralistes, ont d’abord observé ce nouveau marché avec méfiance, avant de s’y engouffrer.
Devant la chute ininterrompue des revenus du tabac, tous avaient fini par promouvoir des produits alternatifs. Cigarettes électroniques rechargeables, tabac à chauffer … Autant de produits dont le modèle économique repose sur l’achat d’un appareil dont il faut par la suite acheter les recharges, un peu comme une machine Nespresso. L’irruption des puffs a percuté de plein fouet ce business model.
•• Après une courte période d’attentisme, tous ont fini par embrasser cette nouvelle tendance, et marché dans les pas de Liquideo, X-bar ou Elfbar, les pionniers de la puff.
BAT était ainsi devenu l’un des leaders de ce marché dans les bureaux de tabac (35 % de la distribution de cigarettes électroniques en France). Seita s’arrogeait également 15 % à 17 % de part de marché sur ce canal de distribution, aux côtés d’une multitude d’acteurs indépendants. « Les puffs ont représenté jusqu’à 5 % à 8 % de notre chiffre d’affaires en France », explique Romain Laroche, le président d’Imperial Brands Seita.
Philip Morris proposait également une version jetable de sa cigarette électronique Veev, mais le propriétaire de Marlboro était resté un petit acteur sur ce marché.
•• Ces acteurs ont cependant réduit la voilure il y a plusieurs mois déjà, prenant acte de la future interdiction des puffs. « Nous avons bien entendu anticipé cette interdiction depuis longtemps. Par conséquent, la part des vapoteuses à usage unique est devenue très marginale », explique BAT. « Nous avons arrêté d’approvisionner le marché de manière volontaire depuis quelques mois », confirme Romain Laroche. Industriels du tabac comme indépendants spécialistes de la puff espèrent bien voir les consommateurs adultes se reporter sur des produits alternatifs, reconnus par les autorités (…)
Le développement d’un marché parallèle, à l’instar de celui qui s’est développé pour le tabac, est une autre source d’inquiétude, commune aux industriels, aux buralistes et aux autorités. « Nous serons les premiers vigilants à ce que cette interdiction soit respectée partout, en solderie, dans les épiceries de nuit et sur internet » avertit la Confédération des buralistes.