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26 Déc 2013 | International
 

En Hongrie, près de six mois après la polémique réforme de la distribution du tabac (voir Lemondedutabac des 19 juillet, 7 mai et 18 avril), tout le monde se félicite de la politique anti-tabac  » globale  » déployée officiellement dans le pays. A Budapest, le gouvernement hongrois claironne le bilan de son plan. Dans les régions frontalières de l’Ukraine ou du Belarus, la contrebande se frotte les mains … selon une enquête de l’AFP.

Viktor-OrbanSa « vigoureuse » croisade antitabac a valu à Viktor Orban, chef du gouvernement (photo) – plutôt habitué aux critiques extérieures pour certains aspects « populistes » de sa politique – d’être décoré par l’Organisation mondiale de la Santé (voir Lemondedutabac du 21 octobre). Restructuration de la distribution qui a concentré le nombre de points de vente, les faisant passer de 42 000 (kiosques, épiceries, tous commerces, etc.) à moins de 5000 « débitants » (agréés par l’Etat). Hausse du prix des cigarettes, passant de 2,5 à 3,3 euros. Interdiction de fumer dans les lieux publics début 2013 (jusqu’aux abribus…).

« Le nombre des fumeurs aurait ainsi baissé de 200.000 personnes en un an, dans un pays de dix millions d’habitants, où 46% des hommes et 34% des femmes fument », selon des chiffres annoncés en novembre par le secrétaire d’Etat à la santé, Miklos Szocska.

Revers de la médaille : l’explosion de la contrebande. Premier indicateur tangible, recueilli par l’AFP auprès de l’administration des impôts et des douanes : 68 millions de cigarettes de contrebande saisies en 2012 ; 85 millions de cigarettes pour les dix premiers mois de 2013. La directrice d’une ONG, qui s’occupe de l’aide aux familles pauvres du nord-est de la Hongrie, met en doute le recul de 200.000 du nombre de fumeurs dans le pays : « dans de nombreux villages, il n’y a aucun point de vente, mais je ne crois pas que les gens fument moins ».

A Nyiregyhàza, une ville de 120.000 habitants près de la frontière ukrainienne, un contrebandier assure que les affaires n’ont jamais été aussi bonnes. « Les cigarettes », explique-t-il à l’AFP sous couvert de l’anonymat, « arrivent dans des barques qui traversent la rivière Tisza à hauteur de Tiszabecs, une ville-frontière avec l’Ukraine située à 320 km de Budapest. Nous n’avons même pas besoin de monter à bord. Nous tirons les embarcations par des cordes d’une rive à l’autre. Les boîtes sont bien emballées pour être étanches ».
« Nous vendons plusieurs centaines de cartouches par jour », assure un autre jeune contrebandier rencontré dans un parking près du marché de la ville. Au marché noir, un paquet se vend 1,67 euro.