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10 Avr 2025 | Profession
 

À lassemblée générale des buralistes de Loir-et-Cher, ce 6 avril à Cheverny, les échanges ont permis de constater les inquiétudes qui entourent le présent et lavenir du métier sur le terrain : la contrebande, la sécurité et lavenir de leur métier. Compte-rendu de La Nouvelle République.

Avec, notamment, la hausse de la quantité de cigarettes de contrebande en circulation.

•• « Quand jai ouvert à Chaumont-sur-Loire, il y a dix ans, on était à 21 %. Maintenant cest plus de 40 %. La situation est dramatique », déplore Isabelle Pasini-Brault, présidente départementale. « Cest facile à trouver, avec le bouche-à-oreille : à lusine, entre amis … », poursuit une consœur du sud de département.

En nette hausse dans le département (8 tonnes de tabac de contrebande saisis en 2024 contre 625 kilos en 2023), les chiffres avancés par Michel Mercier, Directeur régional des Douanes Centre-Val de Loire n’ont pas apaisé les inquiétudes. « Et les épiceries à Blois qui vendent des cigarettes ? Il ne se passe rien », s’est agacée une buraliste. « Il nous faut des infos précises pour monter des opérations avec les gendarmes. On na pas assez dalertes », a poursuivi Michel Mercier.

•• Autre point clé : la sécurité. Entre les 17 cambriolages fin 2023 et la récente agression d’une buraliste à Blois (voir 8 mars 2025), difficile de ne pas partager ses craintes, malgré « l’écoute et le soutien » des gendarmes.

« On a déjà tout, même la machine qui fait du brouillard. On se sent rassurés la nuit mais la journée, quand on est ouvert … On regarde à deux fois quand quelquun que lon ne connaît pas rentre », raconte la buraliste agressée, « je me sens plus rassurée avec mon chien ».

Cette « recrudescence » de la violence est analysée comme l’une des conséquences des hausses des prix du paquet de cigarettes, désormais autour de 13 euros. « On arrive à des risques énormes de se faire agresser », a signalé Alain Clouet, secrétaire général de la Confédération nationale des buralistes (voir 1er avril 2025 et 26 décembre 2024).

•• En plus d’appeler à solliciter les millions d’euros d’aides du Fonds de Transformation pour se « diversifier », il milite pour que les buralistes puissent inscrire dans leur contrat de gérance la possibilité de vendre « tous les produits à fumer et de la nicotine. Les gens viennent en chercher en sachets, en billes. La nicotine est lavenir de la profession. »

Une nouvelle manière de diversifier leurs revenus alors que l’hémorragie des fermetures est « stoppée », a-t-il poursuivi. « On est 22 800 buralistes en France, 10 000 ont fermé en dix ans, dont seulement 120 en 2024 avec 46 créations ! Il faut être présent pour éviter le marché parallèle et conserver les services ».

Et ainsi rester « des commerces essentiels », raconte la présidente loir-et-chérienne. « On ma même demandé de livrer le pain si la boulangerie ferme. Tout le monde bosse 70 heures par semaine pour gagner un Smic mais on est devenus indispensables. »

Tous ses collègues se démènent. « On va remettre un peu de sandwichs, de paninis. Depuis un an, on rouvre les dimanches car on ne peut plus se permettre de fermer une journée » témoigne la patronne d’un bar-tabac à Blois. « Je fais relais colis, service de banque, bar, FDJ. Laffaire ne se porte pas trop mal mais on est inquiets car si la chaîne des commerces se meurt, on en fera partie » ajoute une buraliste du sud du Loir-et-Cher.