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3 Mar 2016 | Pression normative
 

Lycée fumeurAlors que les députés planchent en ce moment sur l’après état d’urgence, prorogé de trois mois, rebondit le dossier sur les zones fumeurs « tolérées » dans les lycées (voir Lmdt des 15, 4, 3, et 2 février). Et France Bleu Sud Lorraine en a révélé toute la complexité, ce mercredi 2 mars, près d’un établissement sur deux dans l’Académie ayant mis en place ces zones fumeurs quand la configuration le rendait possible.

 « La problématique est de répondre à l’exigence immédiate de la sécurité des élèves et du personnel et, en même temps, au respect de la loi sur le tabac. Chaque lycée a sa spécificité et c’est le proviseur qui décide. Et ce n’est pas le rectorat qui impose : un chef d’établissement est responsable de l’ordre de l’État. À ce titre, il assure la sécurité des personnes et des biens. Et bien souvent, il agit avec des contraintes et des contradictions » précise Patrick Teulade, proviseur de vie scolaire au rectorat de Nancy-Metz. « En l’occurrence, il y a eu compromis entre les deux … Une des premières actions a été d’informer les familles et les parents. En expliquant la spécificité et l’environnement de l’établissement. Et les fédérations de parents d’élèves ont très, très bien compris l’adaptation à un moment donné de différentes mesures ».

 Pour Olivier Palès, secrétaire académique du SNPDEN (syndicat des personnels de direction de l’Education nationale) : « tant que l’état d’urgence est maintenu, les zones fumeurs sont maintenues. Le souci est de savoir quand on va les arrêter ? Cela pose des questions sur le tabac lui-même. À l’extérieur de l’établissement, on ne contrôle pas grand chose. En même temps, il y a peut-être, et souvent, d’autres produits qui circulent à l’intérieur de l’établissement ».

 Quant aux lycéens interrogés, ils semblent privilégier le trottoir à l’extérieur … malgré les rappels des surveillants.

 Pendant ce temps, le député PS (Rhône) Jean-Louis Touraine (voir Lmdt des 26 novembre, 22 octobre et 10 septembre 2015) « découvre » la circulaire du 25 novembre 2015 du ministère de l’Education nationale et adresse un courrier, en date du 19 février, à Najat Vallaud-Belkacem (avec copie aux ministres de l’Intérieur et de la Santé), s’étonnant « qu’une telle dérogation soit permise alors même que la loi de modernisation de notre système de santé est juste promulguée (…) je suis parfaitement conscient que l’état d’urgence nécessite des mesures exceptionnelles pour une meilleure protection de nos concitoyens face à la menace terroriste. J’ai d’ailleurs voté en faveur de la constitutionnalisation de ce régime. Néanmoins, l’état d’urgence ne doit pas être un prétexte pour sacrifier l’entreprise en dénormalisation de l’acte de fumer, initiée par notre majorité (…) Je vous serais reconnaissant de bien vouloir m’indiquer votre position à ce sujet ».