Il n’y a pas que le foot. L’Uruguay (4 millions d’habitants) tient à se faire connaître pour sa lutte exemplaire contre le tabagisme, fort de son titre de premier pays sud-américain à avoir institué l’interdiction de fumer dans les lieux publics, dés 2006. Avec la mise en place, aussi, d’une fiscalité tabac pour le moins excessive.
Reste que la démarche n’est pas exempte de relents idéologiques, sur fond d’affrontement entre le « petit pays » et la « grande multinationale ». Philip Morris International, pour ne pas la citer, qui réclame des compensations « pour pertes occasionnées par la réglementation locale » et a fermé là-bas une usine de 60 personnes. Le pittoresque président José Mugica (photo) a même retrouvé ses accents d’ancien guérilléro afin d’instrumentaliser ce conflit lors d’une récente visite à la Maison Blanche (voir Lemondedutabac des 12 et 13 mai).
Dans une dépêche datée de ce samedi 2 août, l’AFP nous gratifie du portrait de Daniel Gomez, de la coopérative « 21 octobre », date de la fermeture, il y a deux ans, de l’usine Philip Morris où il a été contrôleur qualité pendant 32 ans. Et comme sept de ses ex-collègues, Daniel vient de se voir proposer par le ministère de la Santé une reconversion …comme « contrôleur des mesures anti-tabac ».
Ce qui nous vaut ce passage tout en finesse de la part de l’AFP : « aucun d’eux ne fume, bien que l’un d’eux reconnaisse avoir essayé durant quelques mois afin de profiter des pauses accordées à cette fin par PMI (sic), mais il a rapidement cessé après avoir subi des coups de fatigue et commencé à s’essouffler dans les escaliers ».
Quoiqu’il en soit, un autre de ces reconvertis nous détaille les « axes fondamentaux » de leur travail : « la promotion de comportements sains, la diffusion des normes sur le tabac et le contrôle de l’application ». Sans oublier la vérification de l’interdiction de publicité tabac sur les lieux de vente, dernière mesure adoptée.
On pourrait imaginer un autre emploi que le gouvernement uruguayen aurait pu proposer. Et l’AFP ne le mentionne pas … En effet, l’Uruguay est encore le seul pays qui a légalisé la culture et la vente de marijuana sur tout son territoire (voir Lemondedutabac du 2 août 2013). Et justement, ce vendredi 1er août, le gouvernement lançait un appel d’offres pour la réalisation et l’implantation d’une unité centrale de culture et de traitement de cannabis. Susceptible de sortir jusqu’à 2 tonnes par an.Une production qui devrait être vendue officiellement au prix de 1 dollar le gramme dans les pharmacies du pays.
Il y a comme un contraste.