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16 Juil 2018 | Trafic
 

Dans le JDD d’hier, en complément de l’article sur la traçabilité (voir Lmdt du 15 juillet), Rodolphe Gintz a répondu à une interview que nous reproduisons intégralement.

JDD : En quoi consiste le système européen de traçabilité́ ?

Rodolphe Gintz : « À partir de mai 2019, un système unique au monde, qui n’existe pour aucun autre produit, va être mis en place : chaque paquet de cigarettes portera au minimum cinq marques d’identification. Chaque pays pourra choisir les siennes dans une panoplie de solutions (timbres fiscaux, codes-barres, QR codes, hologrammes comme sur les billets de banque).

« Ces dispositifs de sécurité́ seront reliés à une base de données alimentée par les fabricants et les distributeurs et à laquelle les douaniers auront accès. Toute la chaine logistique sera couverte : si on trouve un paquet ailleurs que là où il est censé́ être, ce sera la preuve qu’il a été́ vendu en contrebande. Le douanier qui arrêtera un camion sur l’autoroute entre le Luxembourg et Nancy pourra savoir en un clic si le véhicule peut repartir ou si la marchandise doit être saisie. »

JDD : Les associations regrettent que chaque pays ait son propre mécanisme …

R. G. : « La France plaidait pour un système unique, mais la Commission a opté́ pour la mise en place de systèmes nationaux communiquant entre eux. Mais ceux-ci sont indépendants des fabricants, qui ne gèreront pas les bases de données, et gratuits puisque les industriels les financeront (en France, cela va couter environ 20 millions d’euros par an pour 20 milliards de paquets vendus chaque année). »

JDD : L’outil Codentify, inventé par Philip Morris, pourrait-il être choisi par la France ?

R. G. : « Aucune société́ n’est blacklistée, mais des conditions juridiques très strictes ont été́ posées par l’Europe : pour répondre à un appel d’offres, une société́ doit être indépendante de l’industrie du tabac. »

JDD : Le traçage mis en place par la Commission sera-t-il réellement indépendant ?

R. G. « Certaines associations considèrent que l’Europe a été́ prise en main par les fabricants, que la France ne devrait pas appliquer le droit européen mais le droit supérieur, qui est celui de l’OMS. Moi qui lutte contre la contrebande, je note que la directive européenne entre en vigueur dès l’an prochain alors qu’il faudra attendre encore cinq ans pour que le protocole de l’OMS prenne effet. L’Europe va aider les douaniers à mieux faire leur travail. J’espère que les différents systèmes européens pourront évoluer ensuite vers un mécanisme unique conforme aux souhaits de l’OMS. »