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3 Août 2016 | Profession
 

Monop EpinalLe Parisien / Aujourd’hui en France de ce mercredi 3 août revient sur l’ouverture du linéaire tabac du Monop’ Station d’Épinal qui a provoqué la manifestation des buralistes vosgiens de lundi dernier (voir Lmdt des 1er août 1/2 et 3 août). Et accorde gracieusement une interview à la députée PS Michèle Delaunay (présidente d’Alliance contre le tabac). Ce qui nous vaut un bel exercice de confusion des genres. 

Michèle Delaunay : « Oui, la grande distribution fait rentrer le cheval de Troie du tabac. Voilà une manière absolument évidente de le banaliser, de faire de lui un produit du quotidien comme les bonbons à la menthe ou le shampoing. On trouve la même chose à la gare de Libourne (Gironde), mais sous l’enseigne Casino. Je viens d’ailleurs d’alerter le maire à ce sujet. Au total, dans le pays, nous avons une quinzaine d’endroits qui profitent d’une situation peu claire sur le plan légal.

Michèle Delaunay : « Normalement, les buralistes n’ont pas le droit d’ouvrir un bureau de tabac dans les gares, mais une tolérance a été donnée aux points Relay pour accueillir des revendeurs. C’est une aberration. Toutefois, il existe aussi des buralistes qui, sous prétexte de se diversifier, s’acoquinent avec une grande enseigne pour vendre quelques sandwichs en plus des cigarettes. C’est donc amusant qu’ils aient manifesté à Epinal contre Monop’ Station… Moi, cela fait un moment que je sens venir ce pacs avec la grande distribution ».

Première confusion des genres : comparer cette intrusion, dans le tabac, d’un groupe de grande distribution de 5 milliards de chiffre d’affaires avec le fait que des buralistes – des petits ruraux pour la plupart – sont diversifiés dans l’alimentaire (le plus grand nombre le sont sous l’enseigne Vival) relève de la grosse farce. 

La grande distribution cherche artificiellement – avec des moyens énormes – à recréer de la « proximité » dans des centres villes qu’ils ont préalablement détruits par leur politique systématique d’implantation massive dans les périphéries. Avec la complicité d’élus locaux de tous bords, notamment. En Gironde comme ailleurs.

Le réseau des buralistes, ancré dans les territoires, est composé de petites entreprises dont les patrons ont toujours cherché à se diversifier dans la mesure de leurs modestes moyens.

Et alors qu’ils attendent toujours « de nouveaux services au public » promis au fil des Contrats d’Avenir. Sachant que l’arrivée du paquet neutre – chère à Madame Delaunay – ne va pas leur simplifier cette démarche de nécessaire diversification.

Michèle Delaunay : « Le tabac doit être vendu strictement par les buralistes. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. En plus de ces situations dans les gares, il existe d’autres revendeurs qui achètent le tabac aux buralistes. Comme certaines boîtes de nuit et brasseries-restaurants. J’ai déposé un amendement pour arrêter cela. Il a été refusé. Mais je reviendrai à la charge dans le cadre du prochain Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale. C’est un point majeur ».

Autre confusion des genres : la revente réglementée et identifiée du tabac est une activité intrinsèque au réseau des buralistes. Interdire cette activité c’est pénaliser les buralistes et renforcer les voies d’approvisionnement illégal pour certains bars (l’essentiel de l’activité revente avec les stations-service). Si l’on veut que le tabac soit vendu strictement par les buralistes, il faut que l’activité revente reste sous le contrôle des buralistes. 

Mais au fait, que propose concrètement Michèle Delaunay par rapport à cette histoire de Monop’ Station ?