Rude conséquence d’une certaine politique fiscale … « Je connais des gens qui sont passés du trafic de drogue au trafic de tabac à chicha. C’est moins dangereux et ça rapporte plus gros » témoigne un connaisseur du marché illégal suisse interrogé, le 28 avril, par la NZZ am Sonntag.
À ses dires, la contrebande de tabac à chicha y est en plein essor et de récentes saisies, effectuées tant à Zurich qu’à Bâle, prouvent que le phénomène touche la totalité de la Confédération.
•• Urs Bartenschlager, vice-directeur de l’Administration fédérale des Douanes (AFD), confirme : « Nous pensons qu’environ 80% du tabac à narguilé consommé en Suisse n’a pas été importé de manière légale ».
•• Selon le journal, cela concernerait tant les privés que les professionnels qui gèrent des bars à chicha. Une source, souhaitant rester anonyme, complète : « la plupart de ces établissements ont dans leurs étalages des boîtes à tabac, achetées légalement, qu’il remplissent avec du produit de contrebande. »
•• Pour Abou Heba Houssam, anciennement le plus gros importateur de tabac à chicha en Suisse, les responsables politiques sont en partie responsable de ce marché noir florissant depuis une forte hausse de la fiscalité à l’importation (voir Lmdt du 7 mai 2015).
Conséquence ? L’importation légale du tabac à chicha a fortement chuté. Elle est ainsi passé de 860 tonnes en 2014 à 50 tonnes en 2018.
•• En revanche, les douanes ont multiplié les descentes. En janvier de cette année, elles ont saisi 1,4 tonne de tabac importé illégalement dans un entrepôt à Zurich.
En début d’année, elles ont aussi mené 14 perquisitions en Suisse alémanique, permettant la saisie de 850 kilos de tabac à chicha issus de la contrebande.